DISC 2

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DISC 2 / July, 1965 - December, 1966

 

1 - You Don't Miss Your Water / 2 - Satisfaction / 3 - Ole Man Trouble
4 - Down In The Valley / 5 - I Can't Turn You Loose / 6 - Just One More Day
7 - Papa's Got A Brand New Bag / 8 - Good To Me / 9 - Cigarettes And Coffee
10 - Chain Gang / 11 - My Lover's Prayer / 12 - It's Growing
13 - Fa Fa Fa Fa Fa (Sad Song) / 14 - I'm Sick Y'all / 15 - Sweet Lorene
16 - Try A Little Tenderness / 17 - Day Tripper / 18 - Ton Of Joy
19 - Hawg For You / 20 - Tramp

 

 

Otis travaillait très rapidement. L'album OTIS BLUE fut enregistré en une période de vingt-quatre heures. Ils commencèrent à travailler à dix heures du matin, enregistrant jusqu'à huit heures du soir où tous les musiciens partaient pour leur concert de la soirée. De retour à deux heures du matin à la fermeture des clubs, ils travaillaient toute la nuit jusqu'à dix heures du lendemain matin. Autant que Duck Dunn s'en souvienne, A CHANGE IS GONNA COME, I'VE BEEN LOVING YOU TOO LONG, la reprise de YOU DON'T MISS YOUR WATER de William Bell et la version fulgurante de ROCK ME BABY de B.B. King furent enregistrés pendant cette séance de nuit. (Ecoutez le solo de guitare de Steve Cropper sur ce dernier morceau ­ peut-être le meilleur jeu de blues qu'il ait jamais enregistré).
 

Walden était tout juste de retour de l'armée et était à la fois en extase et stupéfait par cette séance. "Tout était si parfait. Il savait enfin qu'il était une star. Vous pouviez le sentir. Tout arrivait comme il fallait, en sortant des chansons comme ça [claquement de doigts]. Bien sûr, je ne savais pas que tout le monde ne faisait pas comme ça et Tom Dowd dit "Phew, ce mec est un sacré génie". Je dis "Vraiment ?" Je savais que Dowd avait travaillé avec tout le monde et il dit "Je n'ai jamais été dans un studio qu'avec deux autres personnes de cette catégorie", je dis "Oh ! Vraiment, qui ça ?" Il dit "Bobby Darin et Ray Charles" et je dis "Phew, tu te fous de moi, mon Otis ?" Moi je n'avais jamais été dans un studio avec qui que ce soit d'autre que lui et je pensais "Diable, c'est comme ça que tout le monde fait." Il était responsable de tout ça. Quand il a frappé à cette porte..."

 

Deux morceaux de OTIS BLUE méritent encore d'être mentionnés. Pour RESPECT, il suffit de dire que c'est l'une des meilleures compositions rapides d'Otis. Propulsé par les figures pulsées imaginatives de la basse de Duck Dunn et par le son sec des coups de la caisse claire aux quatre-pieds-sur-terre d'Al Jackson (entrecoupés d'éclats de mitraillette), ce morceau est transcendant. La deuxième voix sur l'accroche "Hey Hey Hey" est celle de l'ami de toujours et tourneur, Earl "Speedo" Simms (sur le 45 tours c'était William Bell qui faisait les choeurs). A ce moment là, la version single avait atteint les 4èmes et 5èmes places aux hit-parades R'n'B et Pop respectivement. Un an et demi plus tard, Aretha Franklin l'enregistra en une version radicalement différente, avec l'écriture d'un nouveau pont instrumental (utilisant la progression d'accords de WHEN SOMETHING IS WRONG WITH MY BABY de Sam and Dave) et atteint la première place aux deux hit-parades. Deux faces d'une même médaille, différentes comme le jour et la nuit, deux faces séminales de la soul.

L'enregistrement d'Otis de SATISFACTION a toujours été controversé. Enregistré quasiment sur les talons de l'original des Stones, il avait été écrit à sa sortie en Europe que les Stones l'avaient volé à Otis (ce qui fut démenti comme une évidente contrevérité). Jusqu'à aujourd'hui certains soutiennent encore que des morceaux "pop" ou "rock" comme SATISFACTION ou DAY TRIPPER ont été imposés à Otis par Stax, Atlantic, les managers d'Otis, n'importe qui, dans le but de cross over [15]. Ce genre de puristes, comme il se doit, estime que ce fut le début de son déclin. Les preuves contredisent tout simplement cette théorie. Otis traite SATISFACTION comme à peu près tout nouveau morceau qu'on lui confie. Il rugit à travers ce morceau comme un train de marchandises débridé.

              

L'histoire de la genèse de son enregistrement est l'occasion d'un autre aperçu fascinant du processus créatif chez Stax. Apparemment, Otis fit une courte pause lors d'une séance d'enregistrement pour passer une visite médicale pour des raisons d'assurance. A la recherche de morceaux qui pourraient compléter l'album, Steve Cropper eut une idée de génie : "Ce fut mon idée de le faire. J'allais au comptoir du magasin de disques [Satellite Record Shop, possédé et géré par Jim Stewart et Estelle Axton], obtenais un exemplaire du disque, le fis écouter au groupe et notais les paroles. Vous pouvez remarquer que sur "Satisfaction" Otis dit "-fashion" [16] au lieu de "-faction." Pourquoi le changer, ça c'est Otis, c'est le DICTIONARY OF SOUL [17]. "I can't get no satisfashion", j'adore ça. C'est ce qui le rendait si unique, il bousculait tout ça sans s'en rendre compte. Il ne connaissait tout simplement pas cette chanson. Autant que j'en sache, il ne l'avait jamais entendue."

Phil Walden confirme : "Otis avait à peu près parcouru les paroles une ou deux fois et puis il sauta tout simplement en plein dans le truc. Ce fut un enregistrement vraiment spontané. Il n'avait jamais entendu la version des Rolling Stones."

Les morceaux choisis de OTIS BLUE qui sont inclus ici sont complétés par l'original de Redding OLE MAN TROUBLE et par une reprise du morceau de Solomon Burke DOWN IN THE VALLEY. Sur le premier, remarquez l'ouverture de Cropper à la slide guitar [18] et comment sont imbriquées toutes les parties de l'arrangement. La batterie pilonnante conduit à des cuivres suppliants qui laissent la place à un orgue qui broie du noir et ainsi de suite. Les paroles furent écrites par un vieil ami d'Otis, de Macon, Sylvester Huckaby.

La reprise par Otis de DOWN IN THE VALLEY provient probablement de la tournée qu'il venait de conclure avec son auteur, Solomon Burke. L'atmosphère Nouvelle-Orléans de la version originale de Burke est préservée par le jeu de piano, pendant que Steve Cropper déclenche encore une fois un break accrochant juste avant le pont. On ne peut en dire assez ni de la section cuivre des trompettistes Wayne Jackson et Gene "Bowlegs" Miller, du saxophoniste ténor Andrew Lowe et du saxophoniste baryton Floyd Newman ou de la section rythmique de Duck Dunn et Al Jackson. Otis avait la chance d'être accompagné sur disque par le meilleur groupe de soul jamais mis en place.

                         
The Mar-Keys horn section

Joe Arnold, Wayne Jackson, Andrew Lowe

I CAN'T TURN YOU LOOSE fut à l'origine distribué sous la forme d'un single. Typique de l'approche d'Otis d'écrire et d'enregistrer, il était arrivé à la séance d'enregistrement avec juste une idée pour la partition des cuivres, le tempo, les paroles "hip shakin' mama I love you" [19] et le titre. Le reste fut improvisé sur place. Otis partagea son titre d'auteur compositeur avec Cropper et McElvoy Robinson, ce dernier étant le bassiste et le leader du groupe qui accompagnait Otis en tournée à l'époque. (D'après Phil Walden, Otis avait mis le nom de Robinson comme une espèce de faveur, pour l'encourager à écrire.) Le même partage d'auteurs compositeurs s'applique à la ballade suivante JUST ONE MORE DAY. Arborant une mélodie à couper le souffle, JUST ONE MORE DAY, aux côtés de GOOD TO ME, CIGARETTES AND COFFEE et CHAIN GANG proviennent tous de THE SOUL ALBUM de 1966.

Pour ce qui est de I CAN’T TURN YOU LOOSE, Steve Cropper avait participé à son écriture mais on avait oublié de l’en créditer. Quand il voulut rectifier le tir, Phil Walden ne le crédita que de la composition du single mais pas de la version de l’album. Ce qui veut dire qu’il ne reçoit pas de royalties des nombreuses reprises de ce morceau par d’autres artistes. A ce jour il en est encore irrité. C’est aussi le premier morceau sur lequel Joe Arnold remplace Gene Parker. Parker faisait partie des cuivres des Mar-Keys depuis un an et demi. Excellent musicien, il était malheureusement mentalement instable. D’après Arnold, il perdit la tête le jour où il rentra chez lui et trouva sa femme au lit avec une autre femme. Depuis quatre mois, Arnold jouait au Lil’ Abner’s Rebel Room (La Chambre Rebelle de P’tit Abner) dans un groupe qui comprenait Parker, Duck Dunn, Ronnie Stoots, Robert Talley et Wayne Jackson. Ce fut Dunn qui l’amena à sa première session chez Stax.

La reprise saccadée, pour ne pas dire hachée, de PAPA'S GOT A BRAND NEW BAG de James Brown est une version raccourcie [19bis], sortie sous forme de single, de l'album live OTIS REDDING IN PERSON AT THE WHISKY A GO-GO enregistré en avril 1966 mais sorti après sa mort. Single sorti à titre posthume, cet enregistrement d'Otis eut un grand succès à la fois aux hit-parades R'n'B et Pop, atteignant les places 10 et 21 en décembre 1968. Le groupe qui l'accompagne en tournée qu'on peut entendre ici n'est clairement pas à la hauteur des MGs et des cuivres des Mar-Keys, il est faible rythmiquement et sonne presque faux. Néanmoins, l'impression est inimitable. Otis dominait quel que fut son environnement.

Pour l'enregistrement au "Whisky", Otis avait fait répéter le groupe de deux heures du matin jusqu'à dix heures du matin. Tout le monde dormit jusqu'à quatre heures et répéta encore jusqu'à l'heure du spectacle. Les représentations étaient magiques, avec les cognoscenti de la musique et de l'industrie cinématographique de Los Angeles surgissant pour voir le Roi de la Soul Music nuit après nuit. La production officielle de ce disque live était censée être de Nesuhi Ertegun de Atlantic, mais c’est en fait Al Jackson qui l’assura. Un deuxième disque live fut issu de ce même concert en 1982 puis une version différente en 1993.

 Le 17 Juin 1966 commença une semaine de concerts de la Stax Revue à l’Apollo de New-York avec Sam and Dave, Otis Redding, Carla Thomas, Rufus Thomas, the Mad Lads et Johnnie Taylor. Les MGs restés à Memphis, l’accompagnement fut assuré par le groupe de l’Apollo, le Reuben Phillips Orchestra. Le show fut appelé le"Rocky G ‘s Boogaloo Spectacular " [19ter], du nom du disc jokey co-promoteur de l’évènement. Le samedi soir, ce show fut complété par un défilé de mode assuré par des adolescents et des adolescentes portant les derniers vêtements à la mode « boogaloo » et des cours de boogaloo étaient prévus. Al Bell sourit en disant : "c’est comme ça que New-York fut conquise".

GOOD TO ME est un autre exemple de la capacité d'Otis à écrire avec n'importe qui sur n'importe quoi. Il avait écrit la musique plus tôt et, alors qu'il traînait chez Stax, il mentionna à Julius Green du groupe vocal The Mad Lads, qu'il n'avait pas de paroles. Green suggéra, de tête, "I don't know what you got baby, but it sure is good to me." [20] Et, ensemble, les deux finirent la chanson.

CIGARETTES AND COFFEE est une autre ballade du genre "trois-heures-du-matin-quand-tout-est-calme." La confiance d'Otis traduite en un certain calme qui s'infiltre ici, ainsi que dans CHAIN GANG. Ce dernier est l'un des enregistrements les plus relaxés. Instrumentalement, le groupe de la maison Stax est encore plus uni que d'habitude. C'est certainement l'un des meilleurs moments d'Al Jackson en tant que batteur. Ecoutez le travail de grosse caisse alors qu'Otis chante. "All day long you hear them... ooh.[21]" Simple mais extrêmement efficace.

 

La dernière année et demi de sa vie, le style d'Otis et celui du groupe de la maison Stax avaient atteint leur pleine maturité. Le néophyte anxieux et suppliant qui avait enregistré THESE ARMS OF MINE et PAIN IN MY HEART avait ouvert la voie à une superstar suprêmement confiante qui, bien que contrôlant son ego, était aussi parfaitement consciente d'avoir le monde dans la paume de sa main.

Une preuve de plus : l'une des quelques ballades de cette dernière période, la délicieuse MY LOVER'S PRAYER. Une ballade en 6/8 comme aux premiers jours, le clavier d'Isaac Hayes jouant en tandem avec la guitare de Cropper, accompagné par le rythme à contre temps et délicatement décalé d'Al Jackson, une basse toute en retenue et une mélodie plaintive des cuivres. Otis parle à moitié pendant tout le morceau, glissant au passage quelques bribes de son fameux trémolo. Chanter une ballade ne peut tout simplement pas se faire mieux que ça. MY LOVER'S PRAYER atteint la 10ème place du hit-parade R&B et la 61ème du hit parade pop en Mai 1966, terminant une belle série après que I CAN’T TURN YOU LOOSE ait atteint les 11ème et 85ème places fin 1965 et que SATISFACTION ait atteint les 4ème et 31ème places en Février 1966.

IT'S GROWING est l'une des rares reprises par Stax/Volt d'une chanson de Motown. Originellement enregistré par les Temptations, entrant simultanément dans les hit-parades Pop et R'n'B en avril 1965, Otis et l'équipe de Stax/Volt concoctent, comme de bien entendu, une version plus dure et moins confuse. Le riff d'ouverture, syncopé, à la grosse caisse, à la caisse claire, à la basse et aux cuivres, entremêlé du motif à contre temps d'Al Jackson à la cymbale charleston est d'un goût au-delà de toute comparaison. Ecouter les deux versions l'une après l'autre permet une compréhension saisissante des esthétiques de Motown et de Stax, les deux centrales à énergie de la musique noire dans les années 1960, chacune à son sommet respectif.
 

                  
 

IT'S GROWING fut enregistré pendant les séances de THE SOUL ALBUM. MY LOVER'S PRAYER, bien qu'enregistré avant, finit sur le dernier album d'Otis de 1966, THE OTIS REDDING DICTIONARY OF SOUL : COMPLETE AND UNBELIEVABLE, sorti le 15 octobre 1966. Avec OTIS BLUE, DICTIONARY OF SOUL fut souvent cité comme un chef d'oeuvre parmi les albums d'Otis et, en effet, plusieurs décennies plus tard, il demeure comme une réussite imposante, avec les mots du critique Jon Landau : "Le meilleur disque jamais sorti de Memphis et certainement le meilleur exemple de soul moderne jamais enregistrée."

   
 
Neuf de ses morceaux sont inclus ici mais deux, FA-FA-FA-FA-FA (SAD SONG) et TRY A LITTLE TENDERNESS sont des tournants particulièrement importants qui méritent une attention particulière. FA-FA-FA-FA-FA (SAD SONG), qui atteint les 12èmes et 29èmes places aux hit-parade R&B et pop respectivement, était encore un de ces morceaux biographiques de Steve Cropper sur Otis, avec le titre de la chanson comme le résultat de l'habitude d'Otis de fredonner ou de chanter les parties de cuivres avec des syllabes. (La deuxième voix sur le "fa-fa-fa-fa-fa" est celle du parolier de Stax, David Porter). Les cuivres étaient importants pour Otis et pour le son de Stax/Volt quasiment depuis le début mais ils ne sont peut-être pas plus centraux que dans ce disque. Il n'est généralement pas connu qu'Otis est, en grande partie, responsable du son des cuivres de Stax. Le saxophoniste baryton Floyd Newman explique : "Otis avait toujours les arrangements les plus compliqués dans sa tête. Ils étaient différents et super compliqués. Il avait toutes ces choses dans sa tête parce qu’il jouait de la guitare et il bricolait avec et qu'il inventait toutes ces partitions. Il travaillait toujours ses trucs dans le bus pendant les voyages. Il connaissait chaque note et chaque trou à chaque endroit. Il savait où il allait sur chaque chanson, sur quel temps il voulait que chaque ligne se termine. Il pouvait juste arriver et la chanter. Il n'y a pas beaucoup de mots sur les disques d'Otis mais il y a beaucoup de phrases de cuivre. James Brown fit la même chose mais les phrases de cuivre d'Otis étaient très différentes de celles que James créait. Elles étaient plus compliquées, rythmiquement et harmoniquement. Otis écrivait toujours dans des tonalités comme La, Mi ou Fa dièse, les tonalités que personne n'utilisait. Les tonalités en dièse sont géniales mais personne ne s'y frotte trop. Cela donnait à ses chansons beaucoup de force et d'énergie et vous donnait envie de claquer vos doigts. Il disait toujours "Floyd, si tu écoutes la chanson et que tes épaules ne bougent pas, c'est qu'elle n'a pas de groove"." Duck Dunn le dit à sa façon : "Je suis le genre de personne, si la chanson ne me fait pas danser ou prendre une fille dans mes bras, ça ne vaut rien. Je pouvais fermer les yeux et voir un groupe de guerriers autour d’un feu avec des peintures de guerre et ce genre de merde"

 

Le saxophoniste ténor Andrew Love continue : "Il plaçait aussi les cuivres à des endroits bizarres. Quelquefois c'était difficile de sentir où il les voulait quand il les chantait. Nous arrivions quelquefois et nous n'avions pas entendu la chanson avant mais lui, il avait passé toute la nuit éveillé à travailler dessus et il sentait les cuivres à un endroit précis. Nous disions "attend une minute" mais après l'avoir joué une fois en entier, tout se mettait en place. Ca collait."

Cropper finit par développer sa propre conception des partitions de cuivres en travaillant avec Otis. "Il m'a incité à me lancer. Il m'a appris tout ce que j'ai jamais appris en matière de cuivres. C'était tellement intéressant à faire que plus tard je finis par écrire beaucoup des partitions des cuivres pendant qu'il se concentrait sur les chansons." Curieusement, personne ne sait vraiment d'où vient la conception des partitions des cuivres d'Otis. Personne ne peut citer d'influence ni se souvenir d'Otis commentant les arrangements de cuivres d'autres personnes.

Une autre marque de fabrique du son Stax des années soixante sont les interludes de cuivres qui prennent la place qu’aurait prise des solos sur d’autres enregistrements. Ces phrases préarrangées peuvent s’entendre sur IN THE MIDNIGHT HOUR ou KNOCK ON WOOD. D’après Wayne Jackson, « Otis les appelait " ensambos " [21 bis]. "Met-moi un de ces ensambos par ici. " Je crois que nous avons eu l’idée par Otis et nous l’avons  ensuite utilisée avec d’autres artistes parce que ça marchait si bien et qu’on aimait bien le faire."

D'après Wayne Jackson, Otis était très physique dans le studio. "Mec, tu peux me croire. Il fallait qu'il ait ses deux doses de "Right Guard" [22] pour qu'il reste calme. Je veux dire que le mec était physique. Emotif et physique. Otis était une personne hors du commun. Il aurait été hors du commun qu'il ait été un boxeur, un joueur de football, un chanteur ou un prêtre. Il avait ce genre de chose, comme un ego impulsif énergétique. Nous l'adorions tous. Bon Dieu, nous l'adorions vraiment." [Wayne chante la phrase de cuivres de FA-FA-FA-FA-FA] "Il nous chantait toutes ces choses aussi naturellement que n'importe quoi. C'est comme ça qu'elles arrivaient. Il adorait les cuivres. Il courait de son micro de chant vers là où les cuivres étaient et faisait [il chante I CAN'T TURN YOU LOOSE], vous brandissait son poing en chantant ces phrases et c'était tout simplement électrisant. Il se mettait juste en face de vous avec ce gros poing en l'air et paradait et vous chantait ces choses jusqu'à ce que vous ayez de l'écume à la bouche. Il arrivait à vous exciter à ce point. C'était à peu près comme ça qu'il arrivait à nous inspirer. Nous jouions exactement ce qu'il chantait et cela devenait la partition de cuivres de la chanson. Nous peignons simplement une peinture pour qu'il puisse y danser." "Otis se donnait à dix mille pourcent » ajoute All Bell. « Il perdait du poids en studio. Il arrivait en studio et enlevait le haut parce qu’il faisait si chaud dans ce studio et il chantait jusqu’à ce que la sueur ruisselle de lui comme si quelqu’un lui jetait des seaux d’eau."

Aussi intense que la séance puisse devenir, Otis réussissait toujours à créer une atmosphère positive entre les musiciens de Stax. Floyd Newman se souvient : "Certains artistes sont si intenses avec ce qu'ils font qu'ils rendent tout le monde négatif mais, quand Otis arrivait, il apportait du bonheur et des sourires. Il riait pendant tout le temps où il jouait et si vous ratiez un passage il ne s'en énervait pas. Il riait et disait "tu y arriveras." Et si nous étions lents à piger, il prenait sa guitare et jouait. C'était des moments heureux, des moments heureux." Jim Stewart le résume de la meilleure façon : "Otis Redding était comme une potion magique. Quand il arrivait dans le studio, le studio s’éclairait et tous les problèmes et les angoisses disparaissaient. Vous saviez que quelque chose de bon allait se produire. Il apportait avec lui cette excitation. Otis était totalement créatif, totalement positif. Tout le monde voulait être là quand Otis arrivait. C’était comme de la magie."

 A cette époque, il y avait de la magie à Stax. "Pour moi c’était comme aller à l’église tous les jours" témoigne Cropper. "Vous passiez ces portes à Stax, vous laissiez dehors tous les problèmes derrière vous. C’était comme aller à l’église. Je travaillais parfois dix-huit heures par jour et je n’ai jamais eu ne serait-ce que l’idée d’être fatigué. Je voulais être là tout le temps."

 TRY A LITTLE TENDERNESS, après (SITTIN' ON) THE DOCK OF THE BAY, deviendrait l'enregistrement le plus célèbre d'Otis. Ecrite par les anglais Reg Connelly et James Campbell et par l’américain Harry Woods, cette chanson a une longue histoire. Le clarinettiste et chef d’orchestre blanc Ted Lewis fut le premier à en enregistrer une version à succès. En Février 1933, l’enregistrement de Lewis pour Columbia atteint la 6ème place du hit-parade pop. Un mois plus tard, la star de Broadway Ruth Etting fit entrer à la 16ème place du hit-parade sa version enregistrée pour Melotone. Bing Crosby l’enregistra en Janvier pour Brunswick mais sa version n’eut pas autant de succès . Frank Sinatra enregistra encore une autre version pop au milieu des années quarante.

 En 1962, Aretha Franklin enregistra la première version connue de cette chanson par un artiste noir pour son deuxième album chez Columbia, "The Tender, The Moving, The Swinging Aretha Franklin" et, plus tard, deux de ses couplets furent repris par Sam Cooke dans un medley [23] avec FOR SENTIMENTAL REASONS et YOU SEND ME sur l'album AT THE COPA. Columbia tentait de vendre Aretha comme une chanteuse pop et, par conséquent, lui faisait chanter de telles chansons populaires [23bis] avec des arrangements pop remplis de violons. Ces disques étaient encore bien loin de ses futurs succès rythm and blues de chez Atlantic, en termes d’instrumentation, arrangements et styles d’interprétation. Néanmoins, Franklin ne peut pas complètement cacher son éducation gospel et, par conséquent, en partie au moins, transforme la chanson comparée aux enregistrements de Crosby ou de Sinatra. Sam Cooke décida de chanter cette chanson au Copa, le nightclub de la haute société de New-York, pour des raisons similaires que celles qui avaient motivées Columbia de suggérer à Franklin de l’enregistrer. En jouant au Copa et en modifiant son répertoire pour l’occasion, Cooke essayait de plaire à un public plus âgé, blanc, de classe moyenne ou supérieure. Sur une suggestion de Phil Walden, Otis l'apprit par l'album de Cooke, ce qui explique pourquoi il ne connaissait que deux couplets des paroles. Peu importe. Avec Otis, les paroles n'étaient presque toujours que de simples véhicules pour ses déclamations vocales. Il pouvait les inventer aussi facilement qu'il pouvait les lire sur le papier. Otis renversa complètement les versions de Crosby et de Cooke, réécrivant vraiment, au passage, toute la chanson.

 Walden pensait que c'était peut-être le plus grand don d'Otis. "Il avait la capacité incroyable de bouleverser complètement les choses. Un bon exemple est TRY A LITTLE TENDERNESS. C'était quand nous parlions de chansons de carrière qui lui auraient permis d'être invité au Ed Sullivan Show [24] ou de jouer au Copa [25]. Ces choses étaient terriblement, terriblement importantes. C'était des signes de succès. Je me souviens qu'il m'appela tard, une nuit [je n'étais pas allé à cette séance] et qu'il me dit "Tu sais, cette *!#%* de chanson pour laquelle tu m'as poussé au cul pour que je l'enregistre ?" Je dis "Laquelle ?" Il dit "TRY A LITTLE TENDERNESS." Je dis "Ouaip ?" Il dit "J'ai enregistré cette *!#%*. C'est une putain de chanson flambant neuve." Il pouvait bousculer les choses... il pouvait les entendre d'une façon tellement différente." Pour la petite histoire, Cropper dément catégoriquement que Otis Redding ait pu parler comme ça et qu’il n’aurait jamais utilisé ce mot [25 bis].

L'arrangement était effectivement radical, pour Stax, pour le R'n'B ou pour la musique pop. Isaac Hayes en avait fait la plus grande partie, dont le début en trois parties de contrepoints de cuivres (inspiré par la partie de cordes sur A CHANGE IS GONNA COME de Sam Cooke) et le break de cymbale au climax (que Hayes réutilisera sur le THEME FROM SHAFT) [25ter]. La deuxième partie de la chanson, avec les quarts de temps d'Al Jackson frappés sur le bord de la caisse claire, arriva accidentellement alors que le batteur frappait nonchalamment pendant qu'Otis esquissait la chanson. "Al suggéra de casser le rythme," se souvient Booker T. Jones. "Et Otis prit ça et continua avec. Il devint très excité quand il comprit ce qu'Al allait faire à la batterie. Il trouva comment il pourrait finir la chanson, qu'il pourrait la commencer comme une ballade et la finir pleine d'émotion. C'est comme ça que beaucoup de nos arrangements se mettaient en place. Avec quelqu'un qui suggérait quelque chose de complètement scandaleux." Booker y contribua avec la ligne descendante au piano qui marque la moitié du premier couplet et Gilbert Caples joua l'obligato de saxophone.
 

  Olympia - Paris 1966
 

Pour Jim Stewart, le propriétaire de Stax TRY A LITTLE TENDERNESS fut l'apogée. "TRY A LITTLE TENDERNESS, c'est ma préférée. De toutes les choses qu'il fit jamais, du point de vue du producteur, tout, la manière dont elle est disposée, de bas en haut, c'est la meilleure qu'il ait jamais faite. La partie de batterie m'a toujours tué parce que Jackson était comme un métronome de la façon dont il changeait de tempo. Je défie n'importe quel batteur de faire ça exactement de la même manière. C'est l'un de mes disques Stax préféré de tous les temps. Du début à la fin c'est comme si l'histoire de Stax était enveloppée dedans."

Jim Stewart a raison. TRY A LITTLE TENDERNESS est peut-être le meilleur enregistrement Stax de tous les temps. Tous les quatre membres des MGs plus Isaac Hayes à l'orgue et les cuivres des Mar-Keys jouant à leur tout meilleur niveau, leurs interactions étant pure alchimie. Comme avec de nombreux enregistrements de Redding, le clou est la section ad-lib qui prend la dernière minute de la chanson. La plupart des ad-libs d'Otis duraient encore et encore jusqu'à ce que Jim Stewart baisse le son sur la table d'enregistrement. Il ne faut pas oublier que les enregistrements à Stax étaient encore faits en direct avec tout le monde qui jouait en même temps et qu’une partie du travail de Jim Stewart consistait à sauter sur les potentiomètres pour régler le volume, pour renforcer certains instruments au bon moment et compenser les différents niveaux sonores générés par les musiciens individuels. Wayne Jackson commente sur le degré de leurs préméditations : "Ils n'étaient pas répétés exactement comme il allait les faire, il était juste né pour faire ça. Il n'y a pas d'entraînement pour devenir aussi bon. Nous ne nous inquiétions pas à mort sur une chanson, en tout cas pas quand Otis était là. On pouvait être inquiet pour un passage ou pour retranscrire une émotion correctement mais quand il commençait à chanter, mec, on l'avait. Il était un maître absolu, très régulier, très professionnel."

Otis avait rarement besoin de plus de deux prises, mais quand c'était le cas, comme on peut s'y attendre, les ad-libs étaient assez différents. Jim Stewart avait remarqué qu'il valait mieux avoir la bonne prise assez tôt parce qu'à chaque répétition les ad-libs devenaient de plus en plus flamboyants jusqu'au point où ils devenaient excessifs. En tout, TRY A LITTLE TENDERNESS prit trois prises. Le résultat final fut une 4ème place au hit-parade R&B et une 25ème au hit-parade pop. Atlantic fut donc obligée de prendre une page entière de publicité dans Billboard du 7 Janvier 1967, proclamant que c’était "son plus grand succès... de son plus grand album."


 

  Olympia - Paris 1966
 

Otis semblait s'amuser pendant l'enregistrement de DICTIONARY OF SOUL. D'après Phil Walden, I'M SICK Y'ALL (co-écrit par Redding, Cropper et David Porter) arriva après qu'Otis ait été brièvement hors service à cause d'une maladie. La chanson est très riche, atteignant son climax après le deuxième couplet quand Otis bégaye "Somebody... sick... uh... bad shape... pain... trembling y'all" [26] semblant forcer pour sortir les mots, transformant ce qui a priori n'est qu'une phrase drôle et triviale en une évocation frappante de la tristesse, puis en se relâchant. Il fait subir le même traitement à la chanson suivante SWEET LORENE, une gambade dominée par l'orgue, co-écrite par Isaac Hayes, Al Bell et Otis.

Otis appréhenda le morceau suivant, DAY TRIPPER, d'une manière semblable à celle qu'il avait utilisée pour donner une nouvelle forme à SATISFACTION, en utilisant les paroles des Beatles comme point de départ. L'interprétation en entier est tout simplement celle d'une locomotive échappée. Certains pensaient que ce genre d'interprétation était trop maniéré, qu'Otis se prêtait à une audience pop et blanche. Phil Walden s'exprima sur ce sujet de relatif contentieux : "Il travaillait constamment sur de nouvelles chansons et de nouvelles idées. La dernière nuit où nous étions ensemble, nous sommes restés des heures, réveillés, assis dans la maison d'un ami commun. Il disséquait l'album SERGENT PEPPER des Beatles, essayant de comprendre ce qu'ils faisaient. Il venait juste de rencontrer les Beatles dans un club en Angleterre [26bis]. Moi, Jerry Wexler et Otis étions là et ils étaient en file d'attente et chacun attendait son tour pour s'asseoir et lui parler quelques minutes. Il était le Roi et ils étaient les vassaux. Il appréciait vraiment ce qu'ils faisaient et il trouvait qu'ils étaient exceptionnellement intelligents. Il écoutait encore et encore. Je lui apportais des albums de Bob Dylan et des trucs comme ça. Qu'un noir, du sud et presqu'un chanteur rural écoute un chanteur folk Juif du Midwest, ça peut vous donner une idée..."



                                         
Olympia - Paris 1966       
 

Walden se souvient de Dylan donnant à Otis un acétate de JUST LIKE A WOMAN en espérant qu'il l'enregistre. "Otis dit "il y a trop de *&$#@ mots. Toutes ces queues de cheval, ces queues de poisson, tous ces machins [27]." Otis l'aimait et aurait sans doute fini par la faire mais il pensait qu'elle nécessitait un sérieux élagage des paroles. C'était la conscience de gens comme Dylan et d'artistes pop comme les Beatles qui le rendirent beaucoup plus conscient de l'importance des paroles. Vous pouvez vraiment le remarquer avec des chansons comme DOCK OF THE BAY. C'était un effort tout à fait conscient d'écrire une chanson dont les paroles avaient une forte signification."

TON OF JOY est un arrangement et une interprétation très inhabituelle. Otis chante rarement aussi haut dans sa tessiture. Quand il le fait, cela ajoute à son chant généralement plaintif une dimension supplémentaire. L'ouverture comprend l'une des plus charmantes phrase de guitare de Cropper, arrangée dans le style d'appel et réponse avec les cuivres. Tout simplement hypnotisant.

Sans rapport avec I'M A HOG FOR YOU des Coasters, la composition de Redding HAWG FOR YOU est l'équivalent de ROCK ME BABY. Otis chante le blues aussi ignoble qu'il puisse être, sans accompagnement de cuivres mais plein de cris de goinfre durant le break ­ "I'm a dirty hawg for you baby [28]," en effet ! Isaac Hayes est au piano, l'omniprésent Al Jackson fournit un travail de batterie exceptionnel, avec goût et retenue, Steve Cropper joue d'une guitare fulgurante et Booker T. fait une rare apparition à la basse.

Stax sortit deux albums d’Otis en 1966 : THE SOUL ALBUM en Avril et DICTIONARY OF SOUL : COMPLETE AND UNBELIEVABLE en Octobre. Le premier, avec un seul tube, était son plus grand succès à l’époque, atteignant la 54ème place sur le hit-parade des albums et la 3ème sur le hit-parade des albums R&B, restant dans ce dernier pendant vingt-huit semaines. DICTIONARY OF SOUL, malgré l’inclusion de FA-FA-FA-FA-FA (SAD SONG) et de TRY A LITTLE TENDERNESS resta à la 73ème place du hit-parade des albums et à la 5ème sur le hit-parade des albums R&B. Sur cet album, Otis interprète aussi un morceau country de Patti Page, TENNESSEE WALTZ [28 bis]. Avant de mourir, Otis avait mentionné l’idée d’enregistrer un album entier de chansons country. Aussi satisfaisante que l’année 1966 pouvait paraître à Otis, l’année suivante serait celle où il deviendrait enfin une superstar.
 

 

Ensuite, nous arrivons aux duos Otis Redding/Carla Thomas de KING AND QUEEN, un album enregistré en janvier 1967, quand Carla était à la maison, depuis Washington, pour les vacances [28ter]. A cette époque, les albums-concepts étaient à la mode et c'était l'idée de Jim Stewart d'apparier ses deux chanteurs vedettes. "L'une de mes contributions fut de les mettre ensemble. J'ai du lutter pour y arriver. Ils n'ont pas vraiment sauté de joie à cette idée mais, quand ce fut fait, ils étaient contents. Je pensais que ça aiderait leurs deux carrières artistiques. Carla a toujours été un peu spéciale pour moi puisqu'elle était ma première artiste et je sentais qu'elle avait besoin d'une accélération. Je pensais que la combinaison de sa rudesse à lui et de sa sophistication à elle marcherait. Je voulais l'essayer."

 

Carla Thomas précise : "Il y en avait peut-être un peu [de l'appréhension] puisque j'ai dit "Bon, je suis tellement habituée à chanter ces petites ballades sucrées, je ne sais pas comment je vais finir." Alors j'ai parlé avec Otis et il a juste dit "Et alors, t'es d'Memphis, t'es du Tennessee, tu peux l'faire." On a juste improvisé et ça s'est super bien passé."

TRAMP fut le premier essai, quand les deux chanteurs tâtaient le terrain, se testaient mutuellement et essayaient de voir si la combinaison fonctionnait. C'était l'idée d'Otis de reprendre cette chanson qui avait atteint la 5ème place du hit-parade R'n'B avec Lowell Fulson en 1966. Carla continue "TRAMP est la plus marquante car ce fut la première et à cause de tout ce que j'essayais de faire pour penser à des répliques intéressantes à lui faire. Il avait dit "Traite-moi de tous les noms que tu veux." Je dis "Oh ! Mon Dieu", en essayant de penser à quelque chose à dire. "Hé ! Espèce de campagnard, espèce de ci ou ça." Ca m'a beaucoup aidé. Ca a fait sortir beaucoup de mes talents cachés. J'ai découvert que je pouvais vraiment parler de quelqu'un si je voulais. Je ne savais pas ça jusqu'à ce moment." TRAMP est tout simplement féroce, poussée par le riff contagieux de grosse caisse et de caisse claire de Al Jackson, qu'on entend par lui-même au début et aux deux breaks suivants, et alimentée par des riffs insistants de cuivres. Comme le dit Carla "Otis adorait le gros cuivre."

 

 

(15) Le cross over est le fait, pour un artiste noir, de séduire aussi un public blanc, ou le contraire

(16) "La mode"

(17) Dictionnaire de la soul

(18) Littéralement "la guitare glissante", c'est une façon de jouer de la guitare en posant, à la place de la main gauche, un cylindre en verre ou en métal que l'on fait glisser sur les cordes. Ce style avait été inventé par les esclaves noirs aux Etats-Unis où ils utilisaient un goulot de bouteille...

(19) "La nana qui remue les hanches, je t'aime"

(19bis) 2:32 alors que la version originale est de 4:45

(19ter) Le Boogaloo est une danse à la mode à l’époque

(20) "Je ne sais pas ce que t'as bébé, mais c'est juste c'qu'il m'faut"

(21) "Toute la journée vous les entendez... ooh"

(21bis)  " ensambos " est une mauvaise prononciation du mot « ensemble », au pluriel. Ensemble est bien le mot français, utilisé comme vocabulaire de musique classique, mais trop sophistiqué pour Otis qui lui donne un accent sudiste et un nouveau sens !

(22) Une marque de déodorant de la compagnie Gilette, célèbre dans les années 60

(23) Un pot-pourri de chansons

(23bis) Tin Pan Alley standards : chansons populaires. A l’origine, à la fin du 19ème siècle, Tin Pan Alley est l’endroit (de New-York) où étaient rassemblées les maisons de disques et où les compositeurs allaient tenter de vendre leurs chansons.

(24) Une célèbre émission de télévision très regardée (de 1948 à 1971!), qui permit d'étendre considérablement la popularité d'artistes tels que Elvis Presley, Bob Dylan, les Beatles, ou même Mohamed Ali

(25) Le Copacabana, salle de concert et restaurant de New-York, célèbre à l'époque et plutôt destinée à un public plus âgé, plus riche et... plus blanc. D'autres albums "At The Copa" furent enregistrés par, entre autres, Jackie Wilson, The Temptations, The Supremes...

(25bis) motherfucker: équivalent, dans ce contexte, de "putain"

(25 ter) climax: terme artistique désignant le sommet de l'intensité dramatique d'une oeuvre, pièce de théâtre, morceau de musique, concert... Par extension, point culminant, voire même... orgasme!

(26) "Quelqu'un... malade... euh... mal en point... douleur... tremblant, vous tous" ["y'all" est typiquement du sud des Etats-Unis]

(26bis) La rencontre date de début Mars 1967, juste avant les premiers concerts de la tournée européenne Stax/Volt.

(27) "All these pigtails and bobbytails and all that stuff" est difficile à traduire. Otis se moque un peu de la complexité des métaphores et du vocabulaire employé par Bob Dylan dans ses paroles de chansons.

(28) "Je suis un sale goinfre de toi, bébé"

(28bis) TENNESSE WALTZ est aussi présente sur l’album de Sam Cooke AT THE COPA...

(28ter)
Dans le texte de la pochette, Rob Bowman écrit à tort que c’est juste avant Noël 1966.

 

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