PORRETTA 2010

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Porretta Sweet Soul Music Festival

 

le reportage de Dror

 


Vendredi 23 juillet 2010


    Bon, d'une part parce que le programme n'était pas extraordinaire, d'autre part parce que j'étais accompagné d'une personne pour qui  trois concerts de suite c'est trop, enfin parce que c'est l'Italie, j'ai consacré mon vendredi à faire du tourisme (Pise, Livourne,  Volterra...) et je ne suis arrivé à Porretta qu'à 23h30. J'ai donc raté l'essentiel du concert, dont Chick Rodgers, la petite jeune dont tout le monde dit le plus grand bien (mais si elle n'est pas revenue, ce n'est pas seulement à cause d'autres engagements, mais aussi à cause d'un vilain rhume qui lui est tombé dessus, petite nature, alors que  Lavelle White pétait la forme à 80 ans passés...). J'ai quand même vu Thelma Jones et ce fut ma première déception. Les invités cette année comme souvent, ne sont pas des stars, mais ils possèdent quand même un talent indéniable et un répertoire de grande qualité. Parfois on se demande pourquoi ils ne sont pas devenus des stars, mais là, on sait. La plupart des invités de cette année, malgré leur talent, manquent souvent... de charisme. Thelma Jones n'a pas réussi à convaincre son public, même avec un tube comme "This is the house that Jack built" ou son très beau slow "Salty Tears". Le  final du vendredi soir est consacré, comme souvent à Porretta, à un artiste qui pourra faire danser un public plus jeune des Italiens de passage, qui ont encore la pêche à 1h du matin, en l'occurrence à Rodney "King" Ellis, chanteur passager de Kool and the Gang...  Surtout des reprises de Michael Jackson (Rock With You), Marvin Gaye (What's Going On) et... Kool and the Gang (Celebration). Pas très original, mais efficace et très apprécié pour faire danser le public, mais aussi les choristes et les musiciens!

 

     Vidéo :  Thelma Jones

 

Samedi 24 juillet 2010


    Samedi midi, après avoir rendu notre visite coutumière à Michele dans son restaurant, nous avons pu inaugurer nos petits coussins, très pratique pour frimer et avoir l'air d' "habitués", réserver sa place,  se protéger les fesses du froid, de la dureté du béton et des tâches de bière... La soirée va être très longue, et comme j'espère que les derniers artistes vont être excellents, je suis d'autant plus  impatient quand les premiers, moins intéressants, s'attardent sur des sets trop longs à mon goût... Il en est ainsi du premier artiste, Bruce James, en solo au piano. Bien que Texan, il joue dans le style New-Orleans de Dr. John. Je suppose que lorsque Graziano Uliani a choisi d'inviter le Texan Clay Hammond, le tourneur de ce dernier a du lui conseiller quelques autres artistes de son cru, parce que pas mal de musiciens étaient Texans cette année (Lavelle White aussi)... Bruce James joue bien du piano et on ne s'ennuie pas... au début, mais ça devient quand même vite lassant... Même remarque pour Groove City, un bon groupe italien de soul instrumentale, dirigé par un saxophoniste américain (Sax Gordon), bon mais trop frimeur à mon goût. J'aurais préféré si le set avait été moitié plus court! Ils sont rejoints par Bobby Manuel à la guitare, Charlie Wood à l'orgue et  Dwayne Thomas à la basse pour un hommage à Willie Mitchell. C'est sympa et original de redécouvrir les instrumentaux de Willie Mitchell, mais quelques morceaux chantés auraient été bienvenus aussi, et pas seulement l'hymne de Porretta, chanté par Charlie Wood.
 

Groove City (feat. Sax Gordon, Charlie wood, Bobby Manuel) Tribute to Willie Mitchell



     Avec McKinley Moore arrivent la lune au dessus de la scène, nos  espoirs, et... nos déceptions! On a su après coup qu'il était terrorisé par ce concert, et du coup complètement bourré quand il arrive sur scène. Ce qui est sûr c'est qu'il est complètement à côté de la plaque et  parfois même pas en rythme. Il balbutie entre les chansons et préfère parler  au groupe qu'au public, ça fait pitié. Pourtant le répertoire (Dock Of  The Bay, Love Man, I've Been Loving You Too Long en duo avec Charlie Wood, Cigarettes and Coffee), lui va comme un gant puisqu'il a exactement la même voix qu'Otis Redding... Mais,  encore une fois, Otis Redding sans charisme n'aurait peut-être pas fait carrière... Avec Clay Hammond, on entre enfin dans le vif du sujet... Bien que son état de santé le force à rester assis, ce qui diminue son jeu de  scène,  sa voix est encore très belle, en grave ou en falsetto, et c'est  vraiment de  la Soul qu'on va entendre. Il commence par "Part Time Love", le titre  qu'il  a écrit pour Johnnie Taylor et qui l'a rendu riche, puis "A Change is  Gonna Come" de Sam Cooke, son propre "I'm Gonna be Sweeter" et le blues de ZZ Hill "Down Home Blues". Il fait plus froid que d'habitude cette année, et ce n'est pas ce genre de set mélancolique qui va nous réchauffer, mais c'est quand même un voyage au pays de la soul sixties, et c'est ce qu'on attend, en partie du moins, de  Porretta...

 

 

    A nouveau, le même problème se pose avec les Green Brothers (avec Bobby Manuel), qui n'arrivent pas non plus à capter l'attention du public. Pourtant les morceaux, lents et rapides, sont supers, bien joués et bien chantés, c'est à la fois original et de la vraie Soul, mais il manque un certain talent pour interagir avec le public, mettre en relief les chansons, créer une excitation, je ne sais pas ... Ils sont trop statiques et devraient peut-être s'inspirer plus de Sam and Dave? Les deux frères avaient échangé leurs vestes de costume et, du coup, le plus petit flottait dans la veste du plus grand, ce qui était assez ridicule... Pour ce qui est du groupe maison, il déçoit un peu aussi. Plus jeune que ceux de l'an dernier, il est correct, mais sans plus. Trop de claviers (trois?!), des cuivres pas géniaux, des choeurs très peu mis en valeur, un bon guitariste quand même... Ce soir les gradins sont pleins, mais la foule ne se bouscule pas autant que l'an dernier.

 

     Vidéo : Green Brothers



    Et puis arrive Lavelle White. Pour moi qui attendait beaucoup de la soulfull Thelma Jones et beaucoup moins de la blues-woman Lavelle  White, ce fut la surprise du week-end. Je ne sais pas ce que mangeaient les bébés américains il y a 80 ans, mais j'aimerais bien que ma grand-mère soit aussi bien conservée que Lavelle White ou Sugar Pie de Santo...  Au niveau jeu de scène et charisme, elle pourrait donner des cours à tous les autres. Elle danse, elle parle, est drôle, elle en fait même peut-être un peu trop dans les gestes sexuels pour nous montrer  qu'elle n'est pas si vieille ("I may be old, but I ain't cold!").

 

      Vidéo : Lavelle White

 

Mais ce  n'est pas tout, ses performances vocales sont aussi impressionantes, dans  des registres très différents: elle commence avec une ballade pop et une voix mielleuse ("Soul Deep"), une reprise de Van Morrison pour Julien ("In the Mystic"), de la soul ("A little bit of this, a little bit of that"), du blues avec une voix rocailleuse ("Little Bluebird"), du  slow ("Today I Started Loving You") et même un funk-rap un peu coquin (ou elle passe de "If you fuck with me, I'll funk you up" à un délire sur "I like chocolate, black chocolate, white chocolate"). Elle termine  avec deux reprises: D'abord, "I Ain't Never Found me a Man" de Al Green ou Esther Phillips, sur lequel elle trouve quand même son homme, avec Paul Taylor, le clavier et chef d'orchestre, puis avec l'autre clavier, Jonathan Richmond, puis enfin avec l'organiste Louis Hayslett. Elle trouve même ses femmes puisqu'elle est rejointe par les choristes ! Enfin, le funky "Living for the City", de Stevie Wonder... Ces mêmes choristes (Sharisse et Shon, les soeurs Norman), très sympathiques, nous rejoignent à la pizzeria Veranda où l'on finit toutes nos soirées, entre 2 et 3h du matin minimum.

 

Dimanche 25 juillet 2010


     Dimanche, on ne s'est pas réveillés à temps pour la messe, mais on a profité qu'on avait une voiture de location pour faire un saut à Florence (Duomo, David et Ponte Vecchio en une heure, à la  japonaise) et revenir vite pour réserver de bonnes places. Mais ce soir, les gradins ne sont même pas pleins... Bruce James revient, cette fois ci en duo avec Charlie Wood à l'orgue, pour une session qui, me semble-t-il,  ne se passe pas très bien, Wood ayant l'air de s'impatienter pendant les  solos (il est vrai inter-minables) de James. Des classiques de New-Orleans et de Ray Charles, dont "Georgia", massacrée par un chanteur italien. Ils sont suivis par ce qui devait peut-être être le clou de la  soirée et attirer du monde, Fred Wesley, qui n'aime pas qu'on lui parle tout le temps du temps où il était chez James Brown, mais qui appelle quand même son groupe The New JBs... Un show complètement policé, qui m'a énormément déçu. Oui, musicalement c'est parfait (ça commence par "Chameleon" des Headhunters et on a droit à un medley de "Pass the Peas" et "Gimme Some More"), oui il y a des blagues, mais tout semble tellement préparé et répété qu'ils ont même l'air de s'ennuyer: Wesley a du regarder sa montre quasiment à chaque morceau! Et parce que j'étais là le samedi, cette soirée de dimanche m'a paru très inutile: les mêmes artistes, les mêmes chansons exactement, pas un seul duo, pas de final, même les rappels sont le plus souvent constitués de la répétition du dernier morceau déjà joué! Thelma Jones, McKinley Moore, les Green Brothers, Clay Hammond, Lavelle White et Rodney Ellis. Seule Lavelle White revient (quelle énergie!) pendant le set de Rodney Ellis, et j'espère un duo, mais elle se contente de quelques pas de danse. Le groupe doit prendre l'avion à 4h du matin, c'est peut-être pour ça qu'ils veulent faire court. Mais moi aussi, ça me confirme que 3 soirs de suite à Porretta, c'est l'assurance de trop de redites et qu'il faut vraiment être fan pour passer outre et prendre son pied! Mais bien sûr, il y a quand même la Veranda pour boire un dernier verre de Prosecco et discuter avec les musiciens qui ont décidé de ne pas se coucher, ou avec les spectateurs qui essayent de prolonger un peu la fête avant de retourner au boulot le lendemain...

 

Thelma Jones - Take My Hand, Precious Lord - Porretta, Italy - July 25, 2010


 

Cette année, j'aurais quand même bien profité de l'Italie, ses  paysages, ses monuments, ses restaurants, ses bars... et les copains (Phil, Alain, Jean-Claude, Anne, Frédéric, Isabelle, Alan et sa femme, Alain, Julien, Guy, mais aussi des que je ne connaissais pas comme Jean-Luc, Marcel et sa femme, de ABS, Mitch et sa famille, Franco ou Vito...).

A l'année prochaine... peut-être...


 Dror

 

The Sweethearts at Porretta Soul Festival, Italy July 22, 2010

 

 


3h du matin, à la Veranda (Dror à droite)

 

  

peinture/collage de Geoff Marston (c)

 

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