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Bill Graham présente : Une vie rock'n'roll
 


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Ci-dessous un extrait du livre avec les pages consacrées à OTIS REDDING

avec l'aimable autorisation de Yves Jolivet, directeur des éditions

LE MOT ET LE RESTE

 

 

Décembre 1966 – FILLMORE AUDITORIUM – San Francisco

 

Bill Graham dans son bureau du Fillmore
(c) Gene Anthony

 

BILL GRAHAM : Dès le départ, j’ai accepté l’idée que je ne connaissais pas grand-chose à la scène rock de l’époque. Toute ma vie j’avais été amateur de musique latino. Comme je n’écoutais pas la radio, j’étais déconnecté de l’actualité musicale, et même dans le cas contraire, je n’aurais pas entendu la musique qu’on jouait au Fillmore . Ma première initiation à la scène eut lieu la première fois que Paul Butterfield est venu jouer. On s’est mis à parler de blues, de Chicago, du delta du Mississippi, et il m’a balancé un tas de noms : les Staple Singers, Otis Redding, Bobbie « Blue » Bland, James Brown et Chuck Berry.

 Parmi eux, il y en avait un que tout le monde mourait d’envie de voir, dont on disait « c’est le meilleur de tous » Otis. Otis Redding. Tous les gens à qui je parlais étaient d’accord. Pour convaincre Otis de venir jouer au Fillmore, j’ai pris l’avion pour Atlanta, pour me rendre ensuite à Macon, autant dire au milieu de nulle part. Je crois que ça les a impressionnés que je fasse le déplacement exprès. Mais je me disais « comment expliquer à quelqu’un que j’aimerais vraiment qu’il vienne jouer pour moi ? » J’aurais pu proposer dix mille dollars, mais ça aurait signifié mon arrêt de mort. Faillite immédiate. A l’époque, je ne pouvais pas me le permettre. Ou alors j’aurais pu lui dire que lorsque je parlais à des artistes que je respectais, comme Paul Butterfield, Michael Bloomfield ou Jerry Garcia, lorsque je leur demandais « qui est le meilleur selon toi ? », ils me répondaient tous que c’était lui.

 J’ai essayé de rester très humble, de ne pas dire des trucs du genre « il faut absolument que tu viennes jouer au Fillmore, la meilleure salle de concerts du monde ». J’ai fait plutôt l’inverse. « tout le monde me dit que ça n’ira pas tant que je ne t’aurai pas convaincu de venir personnellement, je suis amateur de musique latino et je ne connais pas très bien ce que tu fais. Je suis plutôt un fan de Carmen macRae ».

 Son entourage m’a posé des questions sur les jeunes qui fréquentaient le Fillmore et sur les drogues qu’ils prenaient. Ils avaient l’impression que des rites vaudous avaient lieu là-bas. Les lumières, les peintures, les fringues extravagantes, ils trouvaient ça bizarre. C’est une autre raison pour laquelle me rendre à Macon a été utile. Parce que j’étais un type plutôt  normal, et habillé normalement. Il a fini par accepter de venir, avec son groupe, qui s’appelait le Robert Hathaway Band. C’était en décembre 1966. Otis Redding fut de loin l’artiste le plus extraordinairement talentueux que j’aie jamais vu. Incomparable. A l’époque comme aujourd’hui.

 



Alan Walden, Phil Walden et Otis Redding
Redwal Office, Macon
 

 

PHIL WALDEN : J’étais manager d’Otis. Je crois que c’est Jon Landau qui m’a parlé du Fillmore et que ce n’était pas un problème d’aller y jouer. A l’évidence, on pensait que ça serait à notre avantage d’y passer. Parce qu’à l’époque, notre accès au marché « blanc », pour dire les choses très franchement, était très limité. Otis avait joué devant des publics blancs, mais dans des universités blanches du Sud parce que c’était une tradition : les Noirs avaient toujours diverti les Blancs là-bas…

 Dans le métier proprement dit, le business des musiques noires, presque tous les managers étaient blancs. A l’époque, on n’arrêtait pas de me dire « hé mec, tu ne peux pas traiter ces gens comme s’ils étaient blancs. Si tu fais ça, ils vont te bouffer. Tu leur donnes un doigt, ils vont vouloir la main. Puis le bras. Ils veulent tout. Ils n’en ont jamais assez ».

 Pourquoi est-ce qu’ils devraient en avoir assez ?  Pourquoi est-ce qu’ils ne voudraient pas qu’on leur donne autant qu’aux autres ? Moi, si on me disait de me contenter de ce qu’on me donne, je ne serais jamais satisfait. Je ne voulais pas que le doigt. Je voulais aussi la main. Le bras. Et tout le reste.

 

affiche du concert des 20/21/22 décembre 1966
FILLMORE AUDITORIUM
Art: Wes Wilson

 

BILL GRAHAM : Tous les groupes de San Francisco voulaient faire la première partie d’Otis ! Le premier soir, ce fut le Grateful Dead. Janis Joplin s’est pointée à trois heures de l’après-midi le jour du premier concert pour être bien sûre d’être au premier rang. Tout le monde voulait absolument être présent. Je n’ai jamais revu quelque chose de semblable. Tous les musiciens sont venus. C’était le seul, le vrai, l’unique. Si tu aimais le rhythm’n’blues, le rock’n’roll, blanc ou noir, ou le jazz, tu venais voir Otis.

 Le groupe derrière lui était énorme. Dix-huit musiciens. Le premier soir, il a mis un costume vert, une chemise noire et une cravate jaune, avec un porte-clés accroché à sa ceinture. Un mètre quatre-vingt-sept, une sorte d’Adonis noir. Il bougeait comme un serpent. Comme une panthère traquant sa proie. Il était le maître de l’univers, et il le savait. Il était magnifique, tellement sensuel, ruisselant de sueur, enflammé et flamboyant.

 Il était le prédécesseur de celui qui a vraiment franchi le pas de jouer devant des publics mélangés, avec à la fois des fans de rock noirs et blancs. Jimi Hendrix. Ce n’est qu’avec l’arrivée de Jimi que j’ai pris conscience qu’Otis avait été là avant lui. Jimi a été le premier à être ouvertement désiré par des femmes blanches qui n’en étaient même pas conscientes. Mais Otis était son prédécesseur.

 Sur scène, il n’arrêtait jamais de bouger. Il chantait une chanson et à la fin de la chanson, il fanfaronnait. « Yeah ! Waouh ! Hé ! Oh ! Yeah ! Et un, et deux … » , puis il enchaînait avec la chanson suivante. Au bout de trois ou quatre chansons, ce premier soir, j’étais sur le côté de la scène et je n’en croyais pas mes oreilles tellement il était bon.

 Puis il a commencé à faire son numéro de va-et-vient, « Yeah ! Oh ! Waouh ! » Pendant ce temps, il y avait une femme appuyée contre le devant de la scène, une magnifique jeune Noire avec une robe échancrée, qui s’est mise à gémir comme si elle ne pouvait pas se retenir. « O-tis ! Oh ! Ah ! Oh ! Ouh ! » Il l’a aperçue, et tout en continuant son va-et-vient, il a crié « yeah ! » dans son micro, a traversé la scène, s’est penché en avant et a fait quelque chose qui n’a jamais été égalé selon moi. C’était un beau mec, plutôt baraqué. Il s’est penché vers elle et lui a dit, les yeux dans les yeux : « je vais tout te donner, ma belle ! Un, deux … » Et toute la salle, comme un seul homme, a hurlé « aaah ! »  Je m’étais attendu à quelque chose d’inhabituel, mais pas à ça. C’était de l’animalité à l’état pur.

 Ce soir-là, il a fait une chose dont personne d’autre n’aurait été capable. Les gens étaient euphoriques,  ils hurlaient « ouaaaais ! Ouaaaais ! » et applaudissaient comme des fous. Mais au moment où les applaudissements commençaient à baisser, il leur a donné le coup de grâce en commençant à chanter « I been lovin’ you too long  … » Il le faisait à chaque fois – juste avant que ça retombe. « Vous êtes euphoriques ? Mais ça va bientôt retomber ? Pas de problème. Je suis toujours là. Je ne suis pas encore parti ! » Personne n’avait jamais fait ça, et à ce jour je n’ai jamais vu quelqu’un d’autre le faire. Quand Richard Pryor était au sommet, les rires ne s’arrêtaient pas une seconde. Un fou rire succédait au précédent, et les gens riaient jusqu’à avoir mal au ventre. Mais là, personne n’avait mal !

 Ce qu’il avait pour lui, c’est qu’il restait toujours très calme. Décontracté. Mais sans jamais s’arrêter de bouger. Le vrai Tom Jones, c’était lui – ce que Tom Jones a toujours rêver d’être.

 Un grand moment ! Le concert se termine, Otis remonte dans sa loge. Je suis devant la porte quand il me crie d’entrer. « Bill ! Bill ! » Je rentre et il me dit « j’adore ces gens ! » Il était à bout de souffle et suait à grosses gouttes parce qu’il avait vraiment mis le feu dans la salle. Ses musiciens ne touchaient plus terre. Ils savaient qu’ils avaient déchiré. Il était là, couvert de serviettes éponge. Je lui ai dit : « otis, je ne trouve pas les mots… Nom de Dieu… »  Et je ne me suis plus arrêté.

 La première chose qu’il m’a dite, après, c’est : « très jolies, les filles ici. Très jolies ! »

 

      

une affiche et un  flyer.  Version alternative

 

PHIL WALDEN : Otis a beaucoup aimé les filles du public. Il aimait beaucoup les femmes en général, où qu’il joue.  Il laissait toujours sa trace, dirons nous ! Ralph Gleason, l’excellent journaliste de San Francisco, a écrit l’une des meilleures critiques qu’Otis ait jamais reçue, où je trouve qu’il a parfaitement saisi le personnage.  Il a écrit qu’Otis Redding, c’était du sexe à l’état pur. Tout ce qu’il faisait. Chaque mot qu’il prononçait. Chacun de ses gestes. Et qu’il n’avait jamais vu de sa vie quelque chose d’aussi complètement sexuel.

 

BILL GRAHAM : « mon Dieu », ai-je dit à Otis. « Il y a encore deux soirs. Est-ce qu’il a quelque chose qui te ferait plaisir ?

- Non, non… » Puis au moment où j’allais sortir de la loge, il m’a dit : « Bill, attends un instant ! On vient de rentrer d’Angleterre et là-bas, il était impossible d’avoir de la glace. Tu ne pourrais pas nous amener un grand seau avec des glaçons et des Seven Up ? »

- Aucun problème ! »

Je me suis précipité en bas et je suis allé voir Denise, qui était au comptoir. « Denise, il me faudrait deux grands seaux avec beaucoup de glace et des Seven Up !

-         Désolé, la machine à glaçons vient de tomber en panne.

-         En panne ? C’est quoi, ces conneries ?

-         On continue à servir à boire, mais sans glaçons… »

 Je suis sorti dans la rue. J’étais littéralement en transe. J’ai descendu Geary street en courant jusqu’au marché, où j’ai acheté un grand sac de glace. Puis je suis revenu au Fillmore, toujours en courant. J’étais à bout de souffle. J’ai posé le sac sur le bar et j’ai cassé le bloc de glace, puis j’ai mis les glaçons dans les gobelets et versé le Seven Up. En passant la porte à double battant pour remonter jusqu’à la loge, je me suis dit « comment faire pour qu’Otis se rende compte de ce que je viens de faire pour lui ? »

 Volontairement, je me suis remis à haleter bruyamment, comme si je venais de courir un 1500 mètres, et arrivé dans la loge, j’ai dit : « votre Seven Up, messieurs… Il y a assez de glaçons ? »

-         Qu’est-ce qui se passe ?

-         Oh, rien. J’ai été obligé de… Oh, peu importe !

-         Quoi ? Vas-y, qu’est-ce que tu as fait ?

-          Eh bien… » J’étais encore en train de reprendre mon souffle. « Rien de bien grave Je… On… Euh… La machine à glace est tombée en panne. J’ai dû courir au bout de la rue pour acheter de la glace Mais bon… Rien de grave ! »

 Otis a fait un geste génial : il a empoigné ma chemise, et il a dit « tu as vraiment fait ça ? Tu es allé chercher de la glace tout là-bas pour moi ?

- Ouais, ouais… Bon, et alors ? »

 Il m’a donné une grande accolade. Puis il s’est reculé et m’a dit « je vais te dire un truc, mec : la prochaine fois que je reviens dans cette ville, ce sera ici, pour toi ! »

Si quelqu’un voulait savoir ce que ce métier a d’unique, je lui raconterais cette soirée. Comment dire à un artiste que j’aimerais qu’il revienne ? En lui donnant du Seven Up, avec des glaçons. C’est le meilleur concert que j’aie organisé de ma vie. Je l’ai su tout de suite. Il n’y avait pas de « peut-être ». Otis au Fillmore, trois soirs de suite : impossible de faire mieux. Une nuit d’amour avec une femme qu’on aime vraiment, c’est génial. Ça l’était aussi.

 

PHIL WALDEN : Je crois qu’il a deux affiches que j’ai conservées dans ma vie : celle du festival pop de Monterey, et celle d’Otis au Fillmore. Otis a eu une réaction amusante. Il a dit « oh, ces cons de hippies, mec. Ils fument tous de l’herbe comme si les drogues étaient légalisées. Regardez-les, ils sont tous défoncés ! » C’était une vraie révolution culturelle pour les Noirs qui débarquaient du Sud.

 Je crois qu’Otis a préparé le terrain à ce qui s’est passé dans les années soixante-dix, car pour la première fois, le public a découvert que sur beaucoup des meilleurs disques de musique noire, des musiciens noirs et blancs jouaient ensemble.

 Dans le sud, ça ne posait aucun problème. Visuellement, on ne le voyait pas. Mais ce qui se faisait de mieux musicalement venait du territoire commun que partageaient les Noirs et les Blancs dans le Sud. Beaucoup de gens ont dit plus tard « comment est-ce que Gregg Allman a appris à chanter comme un Noir ? » Il n’a jamais appris : ça faisait partie de sa culture. Gregg ne sait pas chanter autrement. Ça n’a rien d’exotique pour lui. Il serait incapable de chanter comme Donny Osmond ! Pour les déshérités blancs et noirs du Sud, la musique était le terrain d’entente.

 

BILL GRAHAM : J’ai su tout de suite à quel point il était bon. Avec chaque année qui passe, ses concerts deviennent encore meilleurs en comparaison des autres artistes que j’ai vus sur scène depuis. Otis ne dansait pas vraiment au sens littéral du terme, c’était l’intérieur de son corps qui bougeait. C’est de là que venait sa voix, et c’est grâce à ça qu’il mettait tout ce qu’il avait dans chaque chanson. Avec Otis, j’avais à chaque fois l’impression que c’était la première. Chaque concert était nouveau et différent. Il y avait l’intensité animale et physique. Il était le rythme à l’état pur. La passion incarnée. La clé d’un grand artiste, c’est sa capacité à donner l’impression chaque soir au public qu’il se donne à fond. Otis y parvenait. Et en cela, il reste inégalé. Personne d’autre ne lui arrive à la cheville.

Il y a certains chanteurs et groupes que j’adore. Mais qui est capable de chanter « gotta gotta gotta gotta… huh-huh-huh ! » comme lui ? Personne. Point barre.

 

 

 

 

 

 

Juin 1967 – MONTEREY POP FESTIVAL

 

 

     

Affiche du festival et affiche du film Monterey Pop. D.A. Pennebaker, 1969

 

 

PHIL WALDEN : En coulisse, tout le monde restait là les bras ballants. J’ai dit à Otis « on n’a pas beaucoup de temps. Tu as dit à Steve Cropper quelles chansons vous allez jouer ?

- Euh, non. 

- Putain, vous commencez dans dix minutes ! Tu ne penses pas que vous devriez vous mettre d’accord ?

- T’as raison. Qu’est-ce que tu penses qu’on devrait jouer ? »

 J’ai sorti un papier et un crayon. J’ai essayé de me souvenir quelles chansons avaient le mieux fonctionné sur la tournée européenne. Je lui ai suggéré « et si vous commenciez par « Shake » ? Les gens appelaient le public la « love crowd », alors j’ai suggéré à Otis que quand il chanterait « I Been Loving You Too Long », il vienne sur le devant de la scène pour faire un petit récitatif. « pourquoi tu ne dirais pas quelque chose à propos de ça ?

- Et qu’est-ce que tu penses que je devrais leur dire ? »  Alors on a imaginé ce petit monologue.

 Je me suis pris la tête avec Otis avant le concert parce que Booker T & the MG’s et les Bar-Kays étaient furieux contre moi. J’avais dit « OK, Booker, vous faites un morceau seuls, puis les Bar-Kays arrivent et vous faites un morceau ensemble, puis Otis arrive.

 - Hé, mec, on a passé pas mal d’heures en avion pour venir ici, on veut pouvoir jouer un set entier !

- Désolé, mais ça ne sera pas possible ».

 Ça ne leur avait pas plu. Ils étaient maintenant sur scène. Je me suis retourné, Otis était derrière moi, et je peux le jurer devant Dieu, il avait un pétard absolument gigantesque entre les lèvres.  « Arrête de déconner, putain, ne fume pas ce machin maintenant ! Pas juste avant d’entrer en scène !

 -  Rien à secouer. T’en fais pas, tout va bien se passer. Aucune inquiétude à avoir. C’est juste un concert, merde ! ».

 Ils n’avaient même pas eu le temps de répéter. J’avais écrit la tonalité de chaque morceau sur la setlist. Il est entré sur scène, il a crié « shake ! » et il a mis le feu tout de suite. Puis il a fait son petit monologue. Les gens étaient sur le cul.

 

   

 

 PHIL WALDEN : À la fin du festival, Otis m’a dit « pourquoi est-ce qu’on ne louerait pas une voiture ? On roulerait le long de la côte et on passerait deux ou trois jours à L.A. ?

- Excellente idée ! »

On a donc loué une voiture le lendemain matin, et ça a été un voyage génial, absolument merveilleux. Arrivé là-bas, j’ai acheté le L.A.Times. Pete Johnson avait signé un article dans lequel il avait écrit que le festival avait « vraiment décollé quand Otis Redding était monté sur scène ».  Otis était assis à côté de moi en train de boire un café et je lui ai dit, « Otis, nom de Dieu, on a vraiment cassé la baraque !

 - Tu te fous de moi. Ce petit concert ridicule ? Tu veux dire qu’ils ont bien aimé ?

 - Ouais. C’est ce qu’il dit dans l’article. Qu’on était les meilleurs de tout le festival !

 - Merde alors ! Tu crois ça ? » Pour lui, c’était juste un spectacle parmi d’autres. Auquel il avait participé gratuitement. On n’avait pas gagné un sou dans l’histoire.

 

    

Otis Redding & Jimi Hendrix au Monterey pop festival

 

 

 

 

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