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America's Most Soulful Newspaper
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Les numéros traduits en français

éditions des 18/09/1967  -  15/01/1968  -  29/01/1968  -  14/12/1970

 

 

SOUL
édition du 18 septembre 1967 / traduction Patrick Montier - 2004
notes complémentaires Dror - 2005


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Otis Redding détrône Elvis en Grande-Bretagne

 

Otis Redding a été sélectionné comme le meilleur chanteur masculin du monde par les lecteurs du magazine Melody Maker, une des principales revues britanniques de musique « pop ».

Elvis Presley dominait ce sondage depuis des années, résistant même au formidable assaut des membres individuels des Beatles. C’était à un de ses compatriotes américains, et à un représentant du nouveau « Son de Memphis » de le renverser de son trône.

Presley, un citoyen de Memphis, atteint d’abord la popularité avec ce qu’on a appelé la deuxième vague du « Son de Memphis » - une expression de la musique contemporaine qui connaît maintenant une renaissance avec Otis Redding et les autres artistes de Memphis qui enregistrent pour Stax / Volt.

Steve Cropper, guitariste avec Booker T And The MG’s, est classé cinquième dans le sondage Melody Maker des musiciens individuels.

Une preuve supplémentaire de la capture du marché du disque britannique par Otis Redding est donnée par le fait que la prestigieuse chaîne de télévision BBC a récemment envoyé une équipe pour filmer Otis dans son Big O Ranch de 300 acres (120 hectares) dans les environs de Macon, Géorgie. Le ranch de Redding, unique en son genre, où il élève du bétail primé, contient une piscine de 150.000 gallons (700.000 litres) en forme de O.

Otis Redding, avec ses compagnons de la marque Stax / Volt, Carla Thomas, The Mar-Keys et Booker T And The MG’s (raccourci pour « Memphis Group ») sont récemment apparus lors d’une émission de la radio nationale française, retransmise en direct par satellite vers l’Europe.

Le producteur Philippe Roult de l’Office des Radio et Television Francaise (en français dans le texte !) a passé trois jours au studio Stax / Volt de Memphis pour régler les branchements qui transporteraient les sons de Memphis en direct sur 7000 miles (11000 km).

Le son Stax / Volt a reçu un honneur supplémentaire lorsque le magazine américain Record World a décerné au président de Stax / Volt, Jim Stewart, le prix spécial du meilleur producteur de disque de l’année.
 

 


Otis parle de la Georgie, des enfants et de la Soul

 

 agrandir la photo (c) ROBERT S. JOHNSONlire l'interview d'Otis Redding
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Soul - Que pensez-vous des millions de disques vendus par Aretha Franklin de votre succès "Respect" ?

Otis - Je n'ai rien d'autre que du "respect" envers Aretha Franklin !

Soul - Que pensez vous de la scène musicale actuelle, ici et en Europe ?

Otis - C'est pour le moins intéressant. Il y a parfois des choses qui ne me plaisent pas ou peut-être que je ne comprends pas. Fondamentalement, j'aime toutes les musiques qui restent simples et je pense que c'est la formule qui a rendu la musique Soul populaire. Quand une forme de musique devient confuse et/ou compliquée, vous perdez le contact avec l'auditeur moyen. Il n'y a rien de plus beau qu'un simple air de blues. Il y a de la beauté dans la simplicité, que l'on parle d'architecture, d'art ou de musique.

Soul - Pour parler d'autre chose que de la musique, pourquoi vivez-vous toujours en Géorgie?

Otis - Tout d'abord, je dois dire que j'aime vivre en Géorgie. Je possède une magnifique propriété à la campagne qui me procure une ambiance relaxante. Je pense que tout le monde aime se détendre et être paresseux de temps en temps. Certains se détendent sur la Côte d'Azur, moi je me relaxe dans mon ranch en Géorgie. Deuxièmement, je crois qu'une grande partie de la relation entre ce que l'on appelle les communautés noires et blanches du Sud est faussée par le fait que les noirs instruits ou talentueux du Sud désertent leurs Etats d'origine pour le Nord. Il ne reste donc qu'un grand nombre de gens sans instruction et sans emploi pour représenter les noirs du Sud. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de noirs instruits ou talentueux dans le Sud mais nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un seul docteur, dentiste, juriste, enseignant ou homme d'affaire noir. 

Soul - Quel est votre rôle dans la vie locale ?

Otis - Principalement celle d'un homme d'affaire. J'ai participé à des relations de développement économique ou à des affaires locales mais il faut bien voir que je suis obligé de me déplacer fréquemment et que je n'ai pas le temps que je souhaiterais pour pouvoir me consacrer à de telles activités.

Soul - Consacreriez-vous plus de temps à de telles activités si vous le pouviez ?

Otis - Non seulement je le ferais mais je vais effectivement y consacrer plus de temps. J'organise actuellement mes déplacements un an à l'avance pour me permettre d'avoir plus de temps pour réaliser un projet particulier que j'ai en tête.

Soul - Quel est ce projet particulier ?

Otis - Je voudrais organiser un camp d'été pour des enfants défavorisés. Les activités engloberaient la natation, le cheval, etc. mais comprendraient simultanément des programmes permettant aux jeunes enfants d'assimiler les responsabilités civiques et économiques. Le seul monde qu'ils connaissent, c'est la rue ou le ghetto dans lequel ils vivent. Un tel camp mettrait les jeunes en contact avec les règles de fonctionnement démocratique de ce pays.

Soul - Revenons à la musique, quel est votre objectif actuel ?

Otis - Il y a beaucoup de choses que je souhaite faire. J'en ai déjà réalisé beaucoup mais en plus des autres choses dans lesquelles je veux m'impliquer, il faut que je travaille beaucoup pour préserver ce que j'ai déjà réalisé. J'ai connu le succès en temps que chanteur (17 titres à succès et 5 albums à succès consécutifs) et en tant qu'homme de spectacle (des tournées qui ont drainé des centaines de milliers de dollars en un mois) mais c'est un combat permanent pour rester au sommet vis-à-vis du public. Ma compagnie d'édition musicale a bien marché cette année (2 millions de ventes pour Respect et Sweet Soul Music) mais il faut continuer à se tenir au courant de ce qui se passe et écrire des titres en conséquence. En tant que producteur, j'ai réussi cette année avec Arthur Conley (Sweet Soul Music) à faire un million de ventes mais je ne me laisse pas submerger au point de foncer et de produire des quantités de disques. J'essaie de rester réaliste.

Soul - Une dernière question. Quel âge avez-vous et projetez-vous de vous retirer prochainement ?

Otis - J'ai 26 ans et je pense que la question de la retraite est stupide. Je suis jeune… il y a encore beaucoup de choses à faire et que j'ai bien l'intention de faire. 

 

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 extrait de l'article
 

La NARA devient la NATRA à Atlanta
 

(NDT : NARA = National Association Of Radio Announcers - Association Nationale des Annonceurs de Radio, NATRA = National Association Of Television and Radio Announcers - Association Nationale des Annonceurs de Télévision et de Radio).

 Atlanta - Plus de 1000 personnes, dont plus de 500 disc-jockeys ont assisté à la 12 éme convention annuelle de la NARA (maintenant NATRA) à Atlanta du 9 au 12 août au nouveau Regency Hyatt House…

 … La convention a débuté avec un Barbecue qui a duré toute la nuit (du 8 au 9 Août) dans le ranch d'Otis Redding à Macon, Georgia. Des bus étaient prévus pour faciliter l'exode soul et les gens sont arrivés et repartis toute la nuit.

Sur un barbecue de 6 pieds carrés
(3,3 mètres carrés) se trouvaient des tranches de boeuf de la meilleure qualité.

Dans d'autres parties du ranch, on pouvait goûter aux plaisirs du poulet, du riz et toutes sortes de soul food.

 A l'extérieur de la maison d'Otis, dans le plus pur style ranch, près de la piscine, les artistes se produisaient.

 Les Bar-Kays ont notamment joué plusieurs morceaux. Plus tard dans la soirée, Otis lui-même a chanté pour nous…

Le Mercredi (le 9 Août) après-midi, le vice-président Del Shields a tenu une conférence de presse avec des reporters de Life Magazine. A cette conférence, Otis Redding et Nina Simone étaient aussi présents.

 Shields était préoccupé par les « petits jeux » des propriétaires de stations de radio. Autrement dit, il avait l’impression qu’il n’y avait pas assez d’annonceurs Noirs qualifiés à des postes de responsabilité. Au lieu de cela, ils préféraient aller chercher des Blancs à l’extérieur.

 Ce soir-là (le 9 Août), encore plus d’Otis Redding mais cette fois ci c’était le « Otis Redding Show » à l'auditorium municipal (d'Atlanta). Le show était à guichets fermés dès l’après-midi.

 Les plus grandes stars étaient en ville pour la convention : Sidney Poitier, Bill Cosby, Nina Simone, Aretha Franklin et Jackie Wilson, entre autres.

 Le vendredi soir (le 11 Août), RCA Victor (une maison de disque) donna un dîner dont le Dr. Martin Luther King était l’orateur invité. Beaucoup pensèrent que le discours de King fût le sommet émotionnel de la convention. L’excellent orateur qu’il est toucha chacun d’entre nous ce soir là.

Le lendemain, samedi
(le 12 Août) soir, était le Deuxième Dîner des Prix Annuels. Le meilleur chanteur masculin fût « soul brother number 1 » (Le numéro 1 des frères de la soul, l’un des nombreux surnoms de James Brown), James Brown, alors que la meilleure chanteuse fût décerné, bien sûr, à Aretha Franklin.

 



- notes complémentaires de
Dror -
 

 Cet évènement est aussi relaté par Peter Guralnick dans Sweet Soul Music (1986, Mojo Books 2002, Pages 320 et suivantes puis pages 380 et suivantes), l'histoire de la musique soul du sud des Etats-Unis:

En Juin 1967, Otis est transformé par le succès du concert de Monterey devant un public blanc. Il se prépare à un changement de direction musicale. Il écoute les Beatles. Il part en tournée d’été sur la côte ouest où il compose « Dock of the Bay ».

En Août 1967, puisque la convention annuelle de la NATRA (qui réunit les professionnels des médias et les producteurs de musique R’n’B) se déroule à Atlanta, Otis décide d’en profiter pour inviter tout ce beau monde et d’organiser une grande fête chez lui. Il est épuisé par toutes ses tournées, mais il est surexcité à cette idée et sera suractif pendant toute cette période. C’est la première fois (et malheureusement la dernière) qu’il veut montrer son tout nouveau Big O ranch dont il est très fier et il veut impressionner, pas seulement en tant que musicien mais aussi en tant qu’entrepreneur. Sa piscine ne sera finie que la veille de la fête et il n’aura même pas le temps de la remplir d’eau. 500 invités. Un barbecue de 5 cochons et 2 vaches. D'après Guralnick, le show qu'il organise comprend Sam and Dave et Arthur Conley, mais lui même est trop fatigué pour chanter. Tout le monde sera très content et témoignera qu’Otis fut aussi extrêmement heureux du déroulement de cette soirée. Pour beaucoup, ce sera leur dernière image d’Otis et, involontairement, ce sera un peu comme sa soirée d’adieu...

Juste après, Otis est opéré de polypes dans la gorge et doit interrompre sa carrière. Il reste donc dans ce ranch pendant encore deux mois avec sa famille, avant de reprendre le chemin des studios puis celui des tournées, qui le conduira à sa mort...

L’année suivante, en Août 1968, la treizième convention de la NATRA a lieu à Miami. Un curieux évènement a lieu où un petit groupe proche des Panthères Noires (« The Fair Play Committee ») fait une brève prise d’otage de producteurs blancs de musique noire, demandant que les noirs touchent une part plus importante des profits générés par leur musique. Pour certains de ces producteurs blancs (et en particulier pour Phil Walden, l’ancien manager d’Otis Redding), c'est l’évènement qui leur fait quitter la musique noire pour se tourner vers le rock blanc. Pour Peter Guralnick, on peut voir cette date comme la fin de l’âge d’or de la Soul Music où, malgré les pratiques ségrégationnistes, blancs et noirs avaient collaboré pour créer cette musique entre deux cultures. Entre temps il y avait eu l’assassinat de Martin Luther King, en Avril 1968, et, en Septembre 1968, sortirait le tube de James Brown : « Say it loud : I’m black and i’m proud »...

 Dror, Janvier 2005


 


 

 
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Photographies (C) ERIK E. WHITAKER


 

SOUL
édition du 15 janvier 1968 / traduction Frédéric Adrian - 2003
 


       

OTIS REDDING, 4 BAR-KAYS
TUÉS DANS UN ACCIDENT D’AVION

 

Madison, Wisconsin - Otis Redding, son pilote, quatre membres des Bar-Kays et leur assistant sont morts le 10 décembre dans un accident d’avion près de Madison dans le Wisconsin.

L’avion, acheté récemment par Redding, essayait de faire un atterrissage manuel à Madison lorsqu’il s’est abîmé dans le lac Monona à 15 heure 27. Un membre des Bar-Kays a survécu à l’accident.

Ont été tués Redding, 26 ans ; Phalon Jones, 19 ans ; Ronnie Caldwell, 19 ans ; Jimmy King, 18 ans ; Carl Cunnigham, 18 ans, tous membres des Bar-Kays, Matthew Kelly, 17 ans, leur assistant, et Richard Frazier, le pilote de Redding.

Le survivant est Ben Cauley, 20 ans, annoncé en bonne condition.

Un autre membre des Bar-Kays, James Alexander, 18 ans, a raté l’avion, et n’a donc pas été impliqué dans l’accident.

Redding et le groupe avait joué au Leo’s Casino de Cleveland la nuit précédente et se rendait à un concert à la Factory à Madison lorsque l’accident s’est produit.

Le corps de Redding a été extrait du lac tard dans la nuit de lundi et renvoyé à Macon, Géorgie, mardi.

Des dispositions ont alors été prises pour que son corps soit exposé de 7 heures à 11 heures 30 lundi à l’auditorium municipal de Macon. Des funérailles publiques ont été prévues pour midi le même jour, suivies de l’enterrement à son ranch hors de Macon.

Redding laisse derrière lui sa femme, madame Zelma Redding, et trois enfants, Dexter, 7 ans, Karla, 5 ans, et Otis III, 3 ans.

Il avait récemment acheté l’avion pour son usage personnel et prenait des cours de pilotage afin d’obtenir sa licence de pilote.

Des morceaux de l’avion ont été récupérés et conduits à une base proche de l’aviation pour une enquête complémentaire sur les causes de l’accident.

Le dernier album publié par Redding avant sa mort était intitulé « The history of Otis Redding ». Parmi les succès qu’il avait eu de son vivant, il y avait « Respect », « Try a little tenderness », « Fa fa fa fa fa fa fa », « These arms of mine », « Shake », « Satisfaction » et « I’ve been loving you too long », dont beaucoup qu’il avait écrit lui-même.

 

Encadré :

La prochaine édition du magasine SOUL sera une édition spéciale dédiée à Otis Redding avec des photos et des articles sur toute sa vie et l’héritage qu’il laisse.

Le rédacteur en chef

 

 

 


Les numéros sans traduction. Cliquer sur l'article pour le lire en grand.

 

           

SOUL du 9 juin 1966 et 28 avril 1966 ( aucun article )           /             SOUL du 13 octobre 1966 - cliquez sur l'image pour lire l'article.

 

       

SOUL du 24 novembre 1966 - cliquez sur l'image pour lire les articles.

 

SOUL

édition du 29 janvier 1968 ( articles non traduits en français )
 

    


 

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SOUL

The legacy of OTIS REDDING
December 14, 1970

 ( articles non traduits en français )

 

         

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