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31 décembre 1965

15 avril 1967  / 16 septembre 1967 / 16 décembre 1967

  2 mars 1968  / 13 avril 1968 / 11 mai 1968 

19 avril 1969


traductions, Patrick Montier & Maxime Botella

 


NME N° 990 - 31 décembre 1965

interviews from America
par Tracy Thomas

 

    

Les Stones rendent Otis dingue !

(Stones knock Otis out !)

 

On surnomme James Brown "M. Dynamite", Roy Head est connu sous le nom de "M. Rubber Legs" (jambes en caoutchouc) mais le nom de "M. Soul" appartient uniquement à Otis Redding, l'un des meilleurs artistes américains de Rhythm & Blues.

Il suffit d'assister à un spectacle de Redding pour attester son droit à être ainsi dénommé ! Le visage entier d'Otis reflète l'émotion intérieure causée par les paroles de ses chansons. Quand il attaque un morceau rapide, son expression d'homme  blessé se transforme alors en enthousiasme irrésistible. Il tape du pied, se claque les cuisses et éprouve beaucoup de plaisir.

Mon entrevue avec M. Soul a été très agréable, bien que ponctuée par des coups donnés avec un  journal roulé sur mon bras, à chaque fois qu'il voulait insister sur un point !

Je vais en Angleterre au début de l'année prochaine. Ma version du vieux succès des Temptations "My Girl" est montée dans les hits parades d'ici. Le grand et musclé sudiste était visiblement ravi. Il me frappa le bras d'excitation !

Evidemment, j'aime les Beatles, mais les Stones me rendent dingue. J'ai enregistré Satisfaction sur mon dernier album, tu sais. Ça chauffe vraiment !

J'ai déjà fait onze succès en tout. Ils ont d'abord marché dans le Sud. Je suis plutôt une grosse vedette là-bas.

J'écris mes propres titres moi-même. En vérité, je préfère les morceaux lents, il y a plus de Soul dedans. Tu vois ce que je veux dire ? Il prit à nouveau mon bras pour cible !

Respect est le dernier tube d'Otis et celui grâce auquel la plupart des fans de Rock & Roll américains le connaissent. Ecrit pendant la mode des chansons protestataires, les paroles ont plutôt l'air d'une complainte, avec un style différent.

Comme l'a dit un disc-jockey local, "C'est ce que nous attendons de nos parents, les enfants, un peu de respect !".

Mais il n'y a pas de volonté de protestation en ce qui concerne Otis. Juste de la joie de vivre et du bon temps, avec beaucoup de Soul, bien sûr. 
 

 His  start

Encadré : Ses débuts

 
Un de ses sujets favoris est celui de ses débuts dans le spectacle. Avec un petit sourire, il rappelle : "Mon père était prêcheur à Macon, Georgia et j'ai rapidement eu l'occasion de chanter dans les choeurs à l'église ! Il ne s'en plaint pas. "J'aimais chanter et j'ai continué jusqu'à ce que je rencontre la bonne personne qui m'a permis d'obtenir un contrat pour enregistrer".

 De manière plutôt immodeste, Otis déclare : "Tous mes disques sont classés dans les hit parades. Je crois que "Respect" a été le mieux classé mais " I've Been Loving You Too Long" a été au sommet du classement dans la catégorie Rhythm & Blues".

 Alors que je m'apprêtais à lui poser plus de questions sur sa carrière, un sourire lointain traversa ce visage si inspiré et son attention se tourna vers la Grande Bretagne. Son visage s'illumina et mon bras fut agressé une dernière fois.

 "J'ai hâte de venir. Je veux tout voir, me produire partout et leur en mettre vraiment plein la vue !".       

 

traduction, Patrick Montier
 

 




 

NME N°1055 - 15 avril 1967



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Visitez l'UPPERCUT avec Barry Peake
et un entretien avec Otis Redding
par Alan Smith
 

 

Le grand Otis Redding promène un peigne dans ses cheveux, essuie la transpiration sur son visage luisant et s'assoie sur le bord de la table dans sa loge de l'Odéon à Hammersmith.

 Il vient juste de sortir de scène et est encore rempli d'énergie et de nervosité, vague, incapable de rassembler ses idées, essayant d'écouter plusieurs conversations à la fois.

 "Je m'excuse", dit-il, "je suis...", "vous savez..."

 Les mots manquent à Otis mais je sais ce qu'il veut dire. Je l'ai vu sur scène et je n'aurais pas été étonné de le voir s'allonger pendant une heure pour se reposer !

 L'artiste que de nombreux fans de musique pop ne connaissent qu'à travers des morceaux doux comme de la soie tels que "My Girl" est en fait une véritable dynamo qui arpente la scène comme s'il était en feu. Les spectateurs aiment ça - il y avait plus de 3000 fans pour le voir au show Stax et ils hurlent leur contentement encore et encore.

 Otis dit d'un ton essoufflé "Tu as entendu ces gens ? Moi je te dis que les spectateurs anglais sont super, super ! Nous avons voulu leur apporter cette chose qu'on appelle la Soul et je crois que nous avons gagné. Ils adorent ça !"
 

 

         





    
 

Un spectacle trop court
 

 "Malgré ça, je ne reviendrais pas ici avec une telle tournée. Un spectacle comme celui-ci détourne trop l'attention de ma propre prestation. Un tour de chant aussi court ne me permet pas de donner le meilleur de moi-même".

 "La prochaine fois que je viendrai en Grande Bretagne, je voudrais offrir au moins 45 minutes au public, de manière à être la vedette du spectacle et pouvoir interpréter tous les morceaux qu'ils veulent entendre".

 Je lui demandais pourquoi il n'enregistrait pas plus de titres comme "My Girl", notamment du fait du fort potentiel que ce genre de chansons semblent avoir ici.

 Otis répond avec emphase :" aux USA, je n'enregistrerais JAMAIS une chanson comme "My Girl" pour un 45 tours. Elle n'aurait aucune chance. Evidemment, je pourrais faire quelque chose comme ça en rentrant aux States, mais la première chose que je vais faire, c'est de me reposer".

 Quelqu’un entre dans la loge et dit : "Lionel Bart attend dehors avec un chapeau de cow-boy" suivi de "Tu n'as pas besoin d'argent, Otis" (aucune des deux remarques n'amène la moindre réaction chez Otis).

 J'étais en plein milieu d'une autre question quand Otis se remit à se peigner furieusement et se déplaça rapidement à l'autre bout de la loge pour parler à quelqu'un d'autre.

 Vague, distrait et absent, telle fut mon impression d'Otis Redding. Mais avec une voix comme la sienne (et je viens juste de commencer à écouter son fantastique album Atlantic "Pain In My Heart" qui confirme mon opinion), on lui pardonnerait tout.

 





Otis Redding montre son nom du doigt sur l'affiche de l'Uppercut


traduction, Patrick Montier


   


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NME
N° 1079 - 16 septembre 1967



 

         

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Le Klan prévoyait une explosion pour Otis


Quand Otis Redding s'acheminait tout en haut du hit-parade avec cette splendide Carla Thomas, je me souvenais de l'an passé, quand Otis devait jouer dans la grosse émission nord-américaine du dimanche soir sur laquelle je travaillais.

On avait fait voler Otis et son groupe depuis Memphis le jour même de l'émission. On les a donc mis au boulot, pour leurs répétitions dès leur arrivée. Le Old Studio One n'avait jamais entendu autant de soul et toute l'équipe de production était sonnée. Otis et les gars étaient en train de terminer une incroyable version de "Tenderness" et je sautais encore comme une puce quand je sortais du studio jeter un oeil sur le public.

Environ trois cents fan d'Otis Redding faisaient la queue et je me demandais comment j'allais pouvoir tous les faire rentrer dans un studio qui ne peut accueillir que 250 personnes. À ce moment je vois quelque chose d'invraisemblable.

Marchant calmement au travers du parking et se dirigeant vers la file d'attente, je vis une grande silhouette encapuchonnée qui, dans sa robe blanche, ne pouvait être que celle d'un membre du Ku Klux Klan ! 

Et en plus à Toronto ?

Bref, une de mes tâches quand je travaillais sur l'émission consistait à m'assurer que la vedette était de bonne humeur. Mais là même Ray Charles aurait pu voir comment ce fan bien particulier allait jouer sur l'humeur de Otis. Cependant, le type de KKK ne s'est pas démonté. Il a fallu trois personnes de la sécurité et quelques fans de Redding en colère pour le convaincre qu'il s'était rendu bien trop au nord de la ligne Mason / Dixon pour sa propre sécurité.


 

Pétards
 

Le gars du Klan discute. Il dit qu'il est un supporter non-violent du mouvement White Power, qu'il adore la musique nègre et qu'il ne voulait qu'une chose : l'autographe de Otis Redding. Durant la lutte, non-violente bien sûr, on a vu quel genre d'admiration il lui vouait : une grosse quantité de pétards est tombée de sa veste, de toutes ses poches !

On l'a finalement éjecté et je suis heureux de vous dire que ce soir là, Otis Redding nous a offert un vrai feu d'artifice à sa manière sans aucune aide du KKK. Ce fut un des concerts les plus sauvages jamais diffusé par la télévision canadienne.

Après le concert j'ai raconté l'histoire du fan encagoulé (avec son chapeau du KKK) aux musiciens de Redding. Une des stars de Memphis a souri et a dit : "Tu aurais du le laisser venir à l'intérieur, man". Je lui ai alors dit : "Mais tu es fou - ça aurait viré à l'émeute". "Non mec," me répond le musicien qui, comme par magie, sort de sa poche un couteau bien impressionnant. "On aurait été cool", dit-il en se nettoyant les ongles avec la lame. Il me lance un grand sourire et conclut : "Tu vois mec, j'ai besoin d'une nouvelle peau pour batterie".
 


OTIS REDDING - il semblerait qu'il soit bien entouré !

 

traduction, Maxime Botella

 

 

NME N°1092 - 16 décembre 1967





LE CŒUR DE LA SOUL S'EST ARRETE

Hommages d'Eddie Floyd et Geno Washington
 


 
 

Le cœur de la Soul Music s'est arrêté cette semaine. Les gros titres annonçant "Otis Redding est mort dans un accident d'avion" ont causé un choc stupéfiant et brutal tant pour les fans que les vedettes du show business. A 26 ans, le colosse trapu qu'on appelait familièrement "Big Otis" nous a quitté pour toujours.

 La première image qui m'est venue à l'esprit quand j'ai appris la nouvelle, a été celle d'Otis et de sa  célèbre démarche sur scène du style "je vais bien finir par arriver au bout" pendant que le public du Hammersmith Odeon à Londres tournait dingue au moment le plus fort du spectacle : Satisfaction des Rolling Stones.

 Ils l'aimaient. Otis était le Roi, le Maître. Ca aurait  dû être la tournée Stax mais c'était plutôt la "tournée Otis Redding avec la participation d'Arthur Conley, Eddie Floyd, etc."

 Quand ce fut fini, j'allais en coulisses pour essayer de l'interviewer.  Ce fut difficile car, ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire, Otis s'était tellement donné à fond qu’il lui était difficile de se concentrer sur mes questions.

 Pendant cette tournée, des images fantastiques ont été tournées, qui doivent absolument être vues par tous ceux qui pour qui le nom d'Otis Redding évoque une sorte de magie.

 Par un malheureux hasard, un album importé "History Of Otis Redding" (disques Volt) a été mis en vente ce mois-ci par Polydor. Une partie des plus grands succès d'Otis sont inclus dans ce disque, de Satisfaction et son rythme fiévreux à My Girl et ses paroles pathétiques.

 Ce disque servira de mémorial à cette puissante personnalité qui a permis de placer la Soul Music de manière quasi permanente dans les hit parades anglais.

 L'entrée d'Otis dans les classements du New Musical Express a commencé en 1965 avec My Girl, qui a atteint le n° 7, suivi de I Can't Turn You Loose et Fa Fa Fa Fa Fa en 1966 (ils ont atteint tous les deux le n° 21), puis Shake en 1967 (jusqu'à la 24éme place) et Tramp (avec Carla Thomas), qui a obtenu la 16éme place. Un autre enregistrement d'Otis, Satisfaction, a été une vente permanente et régulière.




sur la scène du Astoria Finsbury Park,
LONDRES le 17 mars 1967

 

 Les mots ne sont pas assez forts pour décrire l'hommage que j'ai recueilli cette semaine de la part d'Eddie Floyd, ce garçon habituellement toujours joyeux, qui a participé récemment à la tournée avec lui. La voix chargée d'émotion, Eddie m'a dit : "La dernière fois que j'ai parlé avec Otis, c'était aux Etats Unis. J'ai plaisanté avec lui à propos de ses cours de pilotage. Maintenant, je n'oublierai jamais ce jour là. Il ne pilotait pas lui-même, mais il est mort dans son propre avion".


"Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai perdu mon frère. En tant que Soul Brothers, nous n'étions qu'une seule et même personne, je ne sais pas si vous comprenez ça... Ce n'était pas le seul. Il y avait aussi le grand Sam Cooke... En tout cas, je ne connais pas mon propre destin". Eddie était visiblement submergé par l'émotion, mais il m'a demandé de rappeler à tout le monde le nom des autres passagers qui sont morts dans l'accident, quand le petit bimoteur a plongé dans le Lac Monona. Il les connaissait tous. Sont morts avec Otis, les membres de son orchestre, les Bar-Kays : Jimmy King, 18 ans, Ron Caldwell, 19 ans, Carl Cunningham, 18 ans et Phalon Jones, 18 ans, le pilote et le secrétaire d'Otis, Matthew Kelly. Otis laisse une veuve, Zelma, et trois enfants.
 

·     Geno Washington a déclaré cette semaine: "l'homme était sincère. La Soul est un mot trop utilisé de nos jours, mais Otis Redding en possédait des tonnes..."

·     Chez Polydor, nous avons reçu un choc en apprenant la nouvelle de la mort tragique d'Otis Redding. Il avait rapidement conquis l'affection du public et était devenu l'une des plus grandes révélations de la scène musicale américaine de ces dernières années. Sa mort est une grande perte. Les Bar-Kays avaient déjà démontré un fort potentiel et il est plus que regrettable qu'ils nous aient quittés juste au moment ou leur carrière semblait si prometteuse. Nous adressons notre profonde sympathie à Mme Redding et à ses enfants, ainsi qu'aux familles des Bar-Kays.

Ronald Rennie, Directeur de Polydor Records Ltd., Londres

 

 
Otis se met à genoux pour donner plus de force à l'interprétation d'une de ses chansons pendant que les musiciens font sonner la musique derrière lui.

 

traduction, Patrick Montier
 


NME N° 1103 - 2 mars 1968


Le nouveau hit d'Otis, son plus grand hommage

Par Alan Smith

 

 des images à garder en souvenir, Otis venant de piquer une tête dans la piscinelire l'article original en anglais
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Durant sa bien trop brève existence, Otis Redding fur respecté par le monde de la musique et pratiquement ignoré dans sa propre ville de Macon, Georgia. Macon - vous en trouverez une allusion dans la chanson "Guitar Man" d'Elvis Presley - est une ville du sud profond qui ne s'occupe que de ses propres affaires, où les préjugés ont la vie dure et où les noirs doivent accepter que le blanc soit le patron.

 Otis n'acceptait pas que le blanc soit le patron. Ce n'était pas un anti-raciste forcené mais pendant le court déroulement de sa carrière, il consacra une partie de son temps à l'amélioration de la situation des noirs en créant son propre programme de scolarisation pour les jeunes.

 Après que des disques comme "My Girl", "I Can't Turn You Loose" et "Satisfaction" lui aient apporté le succès sur le plan international, on aurait pu lui pardonner de quitter le sud et de s'installer dans le nord, là ou la question raciale n'est pas un sujet aussi brûlant. Beaucoup d'autres artistes avant lui ont suivi ce chemin, sans pour autant s'attirer trop de critiques.

Mais Otis n'a pas bougé. Il aimait Macon, il aimait la Géorgie et il ne voyait pas pourquoi il ne pourrait pas continuer à vivre sur le pas de sa propre porte s'il le souhaitait. Il s'acheta un ranch de 120 hectares dans le secteur de Round Oak.

 

Les funérailles
 

 
Le corps d'Otis est transporté hors de l'auditorium municipal de Macon, Georgia, au milieu de la foule assistant aux funérailles. La veuve d'Otis, Zelma est à l'arrière gauche du cercueil. Parmi les porteurs du cercueil, Johnnie Taylor (3ème à gauche), Joe Tex (à l'avant droit), et Joe Simon (derrière Tex).
(photo du magazine "SOUL")

 


 

Otis a enregistré son nouveau succès "The Dock Of The Bay" le mercredi 7 décembre. Le dimanche, le petit avion dans lequel il se déplaçait a plongé dans le lac Monona, le tuant (à l'age de 26 ans) avec des membres des Bar-Kays.

 Je viens de lire plusieurs reportages sur les funérailles et il parait évident que, le jour de la cérémonie, la ville chérie d'Otis, Macon, a eu un sursaut de remord - plus de 4500 personnes entassées dans l'auditorium municipal pendant le service.

 Trois heures avant, l'auditorium avait commencé à se remplir d'habitants de la ville, rejoins par des noms aussi connus internationalement sur la scène Soul que James Brown, Don Covay, Gene Chandler, Mable John, Sam and Dave, Carla Thomas, Sugar Pie Desanto, Wilson Pickett, Percy Sledge ou Rufus Thomas.

 


Solomon Burke (à gauche) et Wilson Pickett arrivent aux funérailles.
Parmi les autres chanteurs qui lui ont rendu les derniers honneurs:
James Brown, Carla Thomas, Sam & Dave et Booker T.


 

 Ce fut un magnifique hommage - mais comme le DJ Mike Raven l'a dit : "Otis Redding était si jeune quand il est mort que beaucoup de gens ont du mal à imaginer la quantité de travail et le nombre de grand succès qu'il a réussi à produire dans sa courte vie".

 Mike poursuit : "Otis est né à Dawson, Georgia, mais sa famille s'est installée à Macon quand il était enfant".

 Macon était le lieu de naissance de l'un des plus grands chanteurs de Rock and Roll de tous les temps, Little Richard…. et Otis fut rapidement enthousiasmé au point de vouloir chanter  dans le même style. Dès qu'il commença à aller à l'école, il découvrit qu'il avait une voix qui sortait de l'ordinaire. Il enregistra ses premiers disques - je connais celui sur le label BETHLEHEM, même si ceux-ci laissent peu transparaître son futur style".
 


 

 C'était des rocks purs, à la manière de Little Richard. Aucun d'entre eux ne connut le moindre succès. Mike est (comme n'importe quel admirateur de ses émissions de radio le confirmera) un observateur avide de la scène Soul et il révèle que la façon dont Otis fut amené à enregistrer son premier succès aux USA, "These Arms Of Mine" ressemble au scénario d'un film Hollywoodien.

 

Emotion poignante

 

Selon Mike : "A l'époque, Otis était le chanteur d'un groupe nommé Johnny Jenkins and The Pinetoppers et, dans ce cadre, il servit de chauffeur pour aller à une session d'enregistrement à Memphis. Une fois la session terminée, il restait un peu de temps et Otis demanda s'il pouvait enregistrer un essai. On accéda à sa demande - et 20 minutes plus tard, le morceau était en boite ! C'était assez bon pour que les disques Volt décident de le publier. Atlantic lui donna une distribution nationale  et la carrière d'Otis en tant que chanteur à succès était lancée".

 Maintenant que cette courte mais remarquable carrière est terminée, on éprouve une émotion encore plus poignante à l'écoute des paroles de "The Dock Of The Bay" dans lesquelles Otis chante "I roamed 2000 miles away from Georgia, never to go back home again" (Je suis parti à 2000 miles loin de la Géorgie, pour ne jamais y retourner).
 


traduction, Patrick Montier

NME N° 1109  -  13 avril 1968
 


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Conley enregistre un hommage à Otis

 

Un disque marquant le lien profond d'amitié et de respect artistique entre Otis Redding et lui a été enregistré par le "Soul protégé" d'Otis, Arthur Conley. MAIS LE MORCEAU NE SORTIRA JAMAIS EN 45 TOURS SIMPLE. "J'ai fait cet enregistrement comme un modeste témoignage de l'adoration que j'éprouvais pour Otis et pour dire à tous ce que je lui dois", m'a dit Arthur au cours de son récent passage à Londres.

 Je veux le cacher en plein milieu de mon prochain album, de manière à ce que mes fans comprennent bien que c'est juste quelque chose naturellement sorti de moi.

 "Je veux juste dire au monde combien j'admirais et aimais Otis, c'est sûr. Mais si je sort un 45 tours, beaucoup de gens seront prompts à m'accuser de tirer un profit commercial de notre amitié. Et ce ne sera jamais le cas.

 Je parle toujours d'Otis parce qu'il restera toujours ma grande idole. Quand j'étais gamin, mon père était ami avec Sam Cooke, un autre grand et regretté artiste et j'ai rencontré Otis pendant une tournée.

 Je n'ai jamais regretté ce jour. Otis m'a pris sur son label, a  produit mes disques et m'a donné des conseils que je chérirai toujours.

 "Ce que je compte faire maintenant" - la voix d'Arthur tremble légèrement d'émotion - "C'est de suivre ses conseils tout au long de ma carrière. Il m'a dit de toujours essayer d'écrire mes propres chansons et c'est ce que je vais essayer de faire".


"Plus important, je veux suivre ses pas en essayant d'aider les autres. J'ai l'ambition de réussir à discerner le talent - le grand talent -qui souvent n'atteint pas la surface parce qu'il n'en a pas eu l'occasion. Je veux découvrir de tels artistes, les enregistrer et les produire.

 

 

 A certains cyniques qui pourraient penser qu’Arthur, une personne à l'esprit droit, cherche à exploiter son association avec le regretté Otis Redding, je dis clairement qu'il faut au contraire faire preuve de beaucoup de persuasion pour lui faire parler de ce sujet.

 Son admiration et sa gratitude vis à vis d'Otis sont profondément naturelles. Habituellement, il n'aborde jamais spontanément la question car il est conscient du danger d'être associé de trop près à ce si regretté roi de la Soul - mais les interviewers sont insistants et tôt ou tard, Arthur finit par céder et accepter de parler de ce sujet.

 Ce n'est en aucune façon un Otis Redding 2. Tous ceux qui l'ont vu se produire vous le diront... Le petit Arthur est une force à lui tout seul. Quand il arrive sur scène, il bouillonne d'un humour et d'un esprit Soul qui n'appartiennent qu'à lui-même.

 L'un des point culminants de son spectacle est son imitation d'Otis sur scène et Otis aimait tellement cela qu'il a insisté pour que cet esprit reste dans "Sweet Soul Music" quand il a produit le disque d'Arthur.

 Depuis la tragédie d'Otis, les disques d'Arthur, y compris "Funky Street" et son prochain album "Directions Of Arthur Conley" ont été produits par le vice-président d'Atlantic, Tom Dowd.

 Arthur déclare : "Tom est un type super que je connais depuis un certain temps et il n'y a pas d'irrespect de ma part quand je dis qu'il ne remplacera jamais Otis".
 


Phil Walden et Arthur Conley     (c) Jere Cunningham
sessions d'enregistrement de l'album SOUL DIRECTIONS
 

 "Vous avez écouté The Dock Of The Bay ? Que d'émotion ! C'est fini tout ça".

 La profonde affection d'Arthur envers Otis a encore été renforcée la semaine dernière par le plaisir de voir "The Dock Of The Bay" atteindre la première place dans le Top 100 du Billboard.

 Le magazine indique que Redding qui est mort dans un accident d'avion en Décembre dernier a atteint le succès qui lui avait toujours échappé de son vivant.

 Cette semaine, le disque Volt d'Otis Redding "The Dock Of The Bay" a dépassé les un million de ventes. C'est son premier 45 tours à dépasser ce chiffre.

 L'album d'Otis "Dock Of The Bay" atteint aussi de très gros chiffres de vente et l'une des chansons inédites "Open The Door", a tellement de succès à la radio qu'elle devrait bientôt sortir en 45 tours.
 

traduction, Patrick Montier

 

OTIS SLEEP ON
(Arthur Conley)
album SOUL DIRECTIONS
1968 - Atco 33-243

  

 OTIS SLEEP ON en fichier wma

 



Oh there's a place we call heaven
It is known as our second home
And otis Redding now belongs
Althougt you've gone so far
But so near
And in our heart Otis
We all love you dear

Sleep on Otis Redding Sleep on
Sleep on take your rest
I know that God loves you
Oh you loved with all of your heart and soul
But now to God Otis
You set your goal
Oh ! I wanna thank you
For bringing me trough
And all of the wonderful things
You intended to do

Oh as you lay so very long
I swear Arthur Conley will carry on
Otis sleep on take your rest
Sleep on
I got to go now
But you just sleep on
Sleep on
Otis why don't you take your rest
Sleep on Otis Redding
I swear to you
I will carry on
....

 

 


NME N° 1113  -  11 mai 1968



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Un triste souvenir du grand Otis
par Alan Smith

 

Pratiquement chaque morceau du  nouvel album d'Otis Redding "Dock Of The Bay" constitue un rappel triste et permanent de la Soul authentique, il n'y a tout simplement pas d'autres mots, qui puissent caractériser sa voix. Ce sont les morceaux lents que j'aime le plus... la voix brumeuse, la déchirure qui ne vient jamais... Qui pourrait le dépasser quand il s'agit d'un enregistrement dans le plus pur style Stax comme la composition d'Eddie Floyd et Steve Cropper "Don't Mess With Cupid" ? Le tempo y a l'insistance d'un métronome.

 Il n'y a rien de bien nouveau pour l'amateur des disques Stax dans cet album, évidemment, mais cela fait plaisir de voir quelques anciens morceaux réunis dans un même ensemble tout à fait agréable à écouter.

 Le disque débute avec "The Dock Of The Bay" - triste, comme je l'ai déjà dit, de penser que ce titre émouvant a été enregistré quelques jours seulement avant sa mort - puis se poursuit avec une autre chanson triste et implorante "I Love You More Than Words Can Say".

 La troisième plage est consacrée au semi rapide "Let Me Come On Home" (un bon titre pour danser) et sur la face B, il y aussi des titres remarquables comme le duo d'Otis et Carla "Tramp", la ballade "The Hucklebuck" et le dernier morceau, l'angoissé "Ole Man Trouble".

 "Let Me Come On Home", "Open The Door" et "Don't Mess With Cupid" (face 1); et "The Glory Of Love", "I'm Coming Home", "Tramp", "The Hucklebuck", "Nobody Knows You When You're Down And Out" et "Ole Man Trouble" (face 2).

 Je suppose que beaucoup seront déçus par le manque de nouveaux enregistrements sur cet album - mais il permet au moins, momentanément, de remplir un peu du vide laissé par la disparition prématurée d'Otis.  

 


 

traduction, Patrick Montier


N M E n° 1162 -  19 avril 1969
 

 

Des images du film SWEET SOUL MUSIC


Arthur Conley, The Mar-Keys, Emperor Rosko, Steve Cropper, Eddie Floyd

Sam & Dave, Otis Redding,
 

 

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