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La nuit où
Bob Dylan a offert à Otis Redding sa nouvelle chanson,
"Just Like A Woman"
Harold Lepidus
Examiner
8 septembre 2010
La légende de la soul Otis Ray
Redding Jr. est né le 9 Septembre 1941, et il a grandi à
Macon, Géorgie. Comme Dylan, il a fortement été influencé par
Little Richard, qui
vivait aussi à Macon. En outre, comme Dylan, Redding a écrit une
grande partie de son propre matériel.

Début avril 1966, Redding a joué quatre nuits au Whiskey A Go Go, avec
Rising
Sons en première partie. Selon un article du Los Angeles Times de
l'époque: "Attiré par sa popularité croissante, un public
fervent se pressait aux concerts, et Redding était assuré
de la présence d'un groupe de fans ce jeudi soir (7
avril) quand, parmi les spectateurs, émergea Bob Dylan,
suivi d'un entourage de disciples." Dylan devait prendre
l'avion pour Hawaï ce jour-là, mais il avait retardé le
voyage, sans doute pour superviser le mixage de
"Blonde On Blonde".

Parmi les disciples présents au concert avec Dylan se trouvait le cinéaste
DA Pennebaker. Sur la
piste des commentaires inclus dans l'édition Criterion du
DVD de "Monterey Pop", Pennebaker déclare
qu'il a vu Redding pour la première fois lorsque Dylan
l'a emmené voir Redding au Whiskey.
Selon le batteur de Dylan, Mickey Jones,
Redding avait été très impressionné et avait dit à Dylan
qu'il enregistrerait la chanson dès que possible. Cependant,
le site officiel d'Otis Redding présente une version contradictoire: "La
légende raconte que Dylan lui a offert "Just
Like a Woman" en tant que possible reprise ce
soir-là, mais Redding trouvait que la chanson était un peu trop
verbeuse."
La chanson n'a jamais été reprise par Redding.
La première partie, les Rising Sons,
comprenaient Taj Mahal et
Ry Cooder. Selon une
récente interview de Cooder: "Ils avaient besoin d'une première partie, et
pour une raison quelconque, ils nous ont choisis parmi beaucoup d'autres,
probablement parce que nous étions un groupe mixte (noir et blanc
N.D.T.), et
qu'ils savaient que le public serait principalement des
noirs qui viendraient à Hollywood pour ces concerts... Les gens ne réalisent pas à quel point le monde
était ségrégué (en 1966). La performance était incroyable, Il se levait,
tapait du pied, remuait ses bras, prenait le micro et chantait avec une
intensité fulgurante, à tel point que je me disais cet homme va avoir une
crise cardiaque s'il continue comme ça. Il ne va pas y
arriver. Mais c'était bon - un superbe show de R & B,
comme je n'en avais jamais vu."

photo extraite du livret du cd "live on the
Sunset Strip" 2010
Le plus grand succès de Redding, "(Sitting On) The Dock
Of The Bay", a été enregistré le 22 novembre
1967, avec des overdubs ajouté le 8 décembre. Le jour
suivant, il était à Cleveland, participait à une émission de télévision et
jouait un concert au Leo's Casino. L'après-midi du 10 Décembre, Redding
et les membres de son groupe, les
Bar-Kays, montaient à bord d'un avion
Beechcraft 18. L'avion s'est écrasé dans le lac Monona, à
Madison, Wisconsin. Redding, son manager (c'est faux
N.D.T.), le pilote, et quatre membres des Bar-Kays furent
tués.
Le matériel des quatre nuits a été mis à disposition au fil des ans. "In Person
at the Whisky a Go Go" fut publié en 1968, suivi de "Recorded Live:
Previously Unreleased Performances" (1982), "Good to Me:
Live at the Whisky a Go Go, Vol. 2" (1993), et "In
Concert" (1999). "Otis Redding - Live On The Sunset Strip",
avec trois sets complets enregistrés les 9 et 10 avril, est sorti plus
tôt cette année.

Bob Dylan a passé quelques-uns des enregistrements de Redding dans son émission
"Theme Time Radio Hour", dont "Cigarettes and Coffee", "I've Got Dreams
to Remember" et l'annonce promotionnelle "Stay In School".
Traduction
: Dror - novembre 2010
- d'autres photos du concert, ci dessous -

SOUL ILLUSTRATED - SUMMER 1968
Live at the Whisky A Go Go,
Los Angeles; April 8-10, 1966


photo (c) Paul C ACREE, JR
/ programme WHISKY A GOGO 1966 (cliquer pour
agrandir)

WHISKY A GOGO -
les photos suivantes sont (c) Gene Simmons
pour le magazine SOUL





Monterey Pops!
An
International Pop Festival
Michael Lydon, unpublished, for Newsweek, 20 June 1967
Dans un long article, Michael Lydon raconte
en détails son expérience de jeune spectateur du festival de musique de Monterey
(16-18 Juin 1967). Après avoir décrit la journée du 16 et le début du 17 Juin,
il décrit l'apothéose de la journée, l'entrée sur scène de Booker T. and
the MG's suivis par Otis Redding.
(...) Rapidement, Booker T. & The MG's se mirent en
place, exécutant quelques blues dynamiques et tout à coup,
Otis Redding apparut,
chantant comme Jimmy Brown charge sur un terrain de football américain.
I criait "shake, everybody shake", se secouant lui-même comme un dément dans son
costume vert électrique.
Comment était-ce ? J'ai écrit à l'époque "extase, folie, oubli total, cris,
fantastique". Il a commencé à pleuvoir et Redding interpréta 2 chansons plus
lentes "pour calmer un peu l'ambiance" dit il, mais en un rien de temps, son
énergie ressurgit. Il termina par Try A Little Tenderness
et à la fin, atteignit un nouveau sommet orgasmique. Il termina et une foule
debout et hurlante le rappela encore et encore et encore.
Traduction Dror

DOWN BEAT / THE BIWEEKLY MUSIC MAGAZINE
16 novembre 1967

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Une rare chronique peu
élogieuse rédigée par un journaliste plus spécialisé dans le jazz

Otis Redding
Basin Street
West, San Francisco
Personnel :
Redding, vocals; the Mar-keys.
Il est essentiel pour Redding d'établir une relation
directe avec son auditoire. Ce talent permet à ses prestations en club
de ne pas être statiques et ennuyeuses, comme ses enregistrements le
sont parfois.
Bien que son show soit trop bien léché pour permettre une
expression musicale profonde, l'auditoire apprécie parce que Redding les
fait rire, taper des mains et passer un bon moment. Mais après que le
chanteur ait fait sa sortie éclair habituelle, on réalise que la salle a
assisté au spectacle d'un artiste sans créativité.
Soirée après soirée, Redding chante les mêmes chansons,
généralement de la même façon et presque toujours dans le même ordre.
Redding lui-même est lassé de cette constante répétition, mais il ne
s'en préoccupe pas vraiment. Ses spectateurs viennent pour entendre un
type de son particulier et il le leur donne, du moment qu'ils sortent
leur argent.
"Je dois tenir compte de ce que les gens aiment"
dit Redding. Ceci induit de "faire le même show indéfiniment jusqu'à
ce que les spectateurs n'ent veuillent plus".
Heureusement, son spectacle à Basin Street bénéficiait de
l'accompagnement musical solide des Mar-keys, un groupe plus que
compétent capable de jouer des blues séduisants et prenants. La voix
grave et rauque de Redding se marie bien avec les Mar-keys qui ont été
particulièrement efficaces en fournissant une forte rythmique derrière
Satisfaction.
Redding a fréquemment accompli une excellente prestation
rythmique et est indiscutablement apte à captiver l'attention de son
audience.
Mais ses paroles étaient banales et vides de sens et plus
il chantait, plus ses jeux de scène étaient prévisibles.
Sa musique a été qualifiée de "soul" mais elle est à
l'évidence commerciale.
Redding se refuse à faire évoluer ses talents vers un son
plus frais et plus remarquable. Il sait que cela réduirait son audience.
Ceci étant dit, Redding s'est arrêté de parler de sa
musique et a avoué assez franchement "je vais
là ou est l'argent".
Steve Toomajian
traduction:
Patrick Montier

Cash
Box - 23 décembre 1967
merci à Gilles Pétard pour le
prêt de cet article

The Soul SOUNDS - 22 janvier 1968

SEPIA - December 1970
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THE BEAT / 4 mai 1968


Quelques informations sur Otis Redding glanées dans des extraits d'une
interview de Steve Cropper par Bill Wasserzieher, dans le magazine
"Blues Revue",
Janvier 2001:

Issue
#64 BLUES SIDEMEN
(January/February 2001)
Double Trouble, Steve Cropper, Sam
Lay, Mel Brown, Steve Howard,
James Gadson, Kid Ramos
Bill
Wasserzieher:
Est-ce que vous aimez toujours les tournées de concerts?
Steve
Cropper: Je tournais très
peu dans les années 60, presque pas. Nous avons fait quelques concerts
par ci, par là et puis nous avons fait le Stax-Volt tour, qui n'était
qu'une tournée de 17 shows, même si on a eu l'impression d'avoir passé
un an en Europe, nous n'y étions en fait qu'un seul mois. Mais les
tournées éprouvantes où vous jouez un soir dans chaque ville, ça on
n'a jamais fait.
Bill
Wasserzieher: A quoi
attribuez-vous le succès que vous, Duck Dunn, Booker T.
Jones et Al Jackson avez atteint à Stax?
Steve
Cropper:
A la chance, en grande partie, mais aussi dans le fait que Duck et moi
ayons grandi dans la musique [de Memphis]. Nous sortions tard le soir
et nous nous introduisions au Club Handy ou Booker jouait de la basse
(il était encore plus mineur que nous l'étions) et nous restions tard
aussi au Manhattan Club pour voir Willie Mitchell et pour voir Al
Jackson jouer de la batterie. Nous étions prêts parce que c'est ce qui
nous a nourri. Duck et moi avons franchi le pas naturellement parce
que nous adorions danser. Je ne sais pas combien de concours de danse
Duck a gagné. Beaucoup de jeunes blancs à Memphis adoraient écouter de
la musique R&B noire.
Bill
Wasserzieher:
Est-ce que l'époque Stax vous manque?
Steve
Cropper:
De toutes les situations que j'ai connues et des maisons de disques
pour lesquelles j'ai joué de la guitare, je peux vous dire que [les
propriétaires de Stax] Jim Stewart et Estelle Axton étaient les deux
personnes les plus honnêtes a jamais avoir possédé une maison de
disque. Ils restaient éveillés pendant des heures (surtout Jim parce
qu'il avait travaillé dans une banque et connaissait la comptabilité)
et s'assuraient que chaque artiste et chaque compositeur reçoive le
moindre centime qui lui revenait. Un jour, Otis Redding et moi étions
à une convention de deejays à Chicago et nous prenions le
petit-déjeuner quand certaines des Supremes entrèrent. Je ne me
souviens plus comment on s'est mis à parler de royalties, mais les
Supremes en étaient à leur troisième Numéro 1 et n'avaient toujours
pas reçu un chèque de royalties.
Nous ne pouvions comprendre puisque Otis était payé pour un disque qui
était à peine entré dans le top 30 du
hit-parade R&B. Il était payé depuis le premier disque. C'était
incroyable que des artistes puissent avoir tous ces tubes et ne pas
recevoir de chèque de royalties.
Bill
Wasserzieher:
Des regrets sur votre carrière?
Steve
Cropper:
Je n'ai pas de réels regrets. Ce fut une bonne carrière. Quand nous
créions toutes ces choses dans les années 60, ma journée moyenne
pendant neuf ans à Stax durait entre 15 et 18 heures et parfois plus
longtemps, on pouvait rester jusqu'à 28 ou 29 heures avant de rentrer
à la maison et dormir un petit peu. On s'éclatait. Parfois on
demandait à quelqu'un de nous apporter un sandwich, et l'on restait la
toute la nuit à enregistrer, et puis on rentrait à la maison, on
prenait une douche et peut-être une heure [de sommeil] et puis on
retournait et l'on travaillait encore toute la journée. On adorait
faire ça. Ensuite je quittais le studio et j'allais écrire toute la
nuit avec Eddie Floyd. Je me souviens d'une nuit, j'écrivais avec Otis
(je crois que c'était la chanson Just One More Day), j'ai dormi
peut-être une heure, parterre chez lui, et puis je me suis levé, je
suis allé au studio en lui disant que je reviendrai le chercher dans à
peu près deux heures. Je suis rentré dans le studio, j'ai préparé la
session d'enregistrement, je suis retourné chercher Otis et, entre
temps, les musiciens étaient arrivés, et nous avons enregistré toute
la journée. Je serais à l'hôpital si j'essayais de faire ça
maintenant!
Traduction Dror

Extraits
d'une interview de Steve Cropper
par Josh Baron,
dans le magazine "Relix",
Septembre 2008:
Steve
Cropper :
Vous allez probablement me demander quel est le meilleur chanteur avec
lequel j’ai jamais travaillé. Si je ne vous répondais pas Otis
Redding, vous me fusilleriez probablement là, sur ma chaise. Il
n’était pas le meilleur chanteur techniquement, mais il était le
meilleur communicateur, le meilleur amuseur, le plus sensuel qui n’ait
jamais existé.
Je tourne encore avec Eddie Floyd. Eddie, à son âge,
est toujours l’un des meilleurs chanteurs et il est incroyable, l’un
des plus grands amuseurs qui soit. Il peut quadriller la scène et le
public se demandera « Mais comment fait-il ? ». Parce que tous les
autres, à part Mick Jagger, se contentent de rester debout derrière le
micro et de chanter. Mick est un génie parce qu’il connaît ses limites
et il compense en amusant le public.
Josh
Baron :
Otis Redding à Monterey est ce qui l’a amené à un public blanc. Quel
souvenir gardez vous de ce concert, avant et après ? Est-ce que vous
vous rendiez compte que ce serait aussi énorme ?
Steve
Cropper :
Nous ne nous rendions pas compte de l’importance qu’allait avoir
Monterey. Mais le jour et surtout le soir du concert, on savait qu’il
y avait quelque chose de magique qui se produisait.
Nous revenions de la tournée Stax Volt en Europe où
nous avions joué dans a peu près cinq pays et nous avions eu beaucoup
de succès en Angleterre et tout ça. Et nous avions tous ce sentiment
que ce qu’on faisait était peut-être plus important que ce qu’on
croyait. Ce qui pouvait être une bonne chose ou une mauvaise chose. Je
pense que c’était plutôt une mauvaise chose. Tout d’un coup tout le
monde revient d’Europe en se prenant pour des stars. Peut-être qu’ils
en étaient, mais c’était mieux qu’ils ne le pensent pas. Ca n’est pas
bon.
Je crois que le sens qu’a pris notre accueil par ce
jeune public était de nous prévenir qu’un tout autre marché nous
attendait, en plus de celui dont nous nous occupions. Nous voulions
faire le « cross over » et être aussi dans les hit-parades pop. Bien
sûr.
Donc, nous revenons d’Europe, de ces publics qui
devenaient fous en écoutant Sam and Dave, Eddie Floyd, Otis Redding
etc., et nous voici de notre côté de l’Atlantique, recevant le même
genre de réaction. Le sentiment était extraordinaire. Cela nous a
donné une nouvelle force, si tu vois ce que je veux dire. Une nouvelle
attitude vis-à-vis de ce que nous ferions et des prochaines chansons
que nous allions écrire.
Otis Redding s’est assis d’un coup, un soir, et m’a
dit (nous étions en train d’écrire dans une chambre), « Steve, je vais
chercher un endroit à Memphis et je vais déménager ici pour un petit
bout de temps », parce qu’on s’amusait tellement à écrire ensemble.
C’est ce qu’il avait en tête ; mais bien sûr il n’a jamais eu
l’occasion de le faire. Je ne sais pas s’il en avait parlé à sa
famille mais moi il m’en avait parlé. Il n’en avait pas parlé à la
maison de disque. Il voulait aussi se mettre à la production ; il
avait fait ce disque avec Arthur Conley, qui avait eu beaucoup de
succès. Il avait produit ce disque en Alabama, je ne me souviens plus
où. Il avait beaucoup aimé faire ça, il aimait produire autant que
chanter.
Josh Baron
:
Il a eu le plus grand impact sur votre façon de jouer ? En particulier
grâce à la façon qu’il avait d’exposer ses idées ?
Steve
Cropper :
Absolument. Il était incroyable. Il n’y avait pas un seul musicien qui
travaillait pour lui qui ne disait pas que c’était un grand
visionnaire. Ce qu’il n’avait pas musicalement, mec, il pouvait te le
fredonner, ou te montrer le rythme, et te faire jouer ce qu’il
entendait dans sa tête. Il n’avait rien besoin d’écrire. Il savait
exactement ce qu’il voulait. Il s’amusait tellement. Et les cuivres
s’amusaient à l’écouter et à essayer de dupliquer ce qu’il essayait de
leur faire jouer, qui s’avéraient toujours être des parties de cuivres
parmi les plus originales qui aient jamais été écrites !
Traduction : Dror, Mars 2009

Extraits
d'une interview de Steve Cropper par Brian Holland,
dans le magazine "Modern Guitars",
Janvier 2009:
http://www.modernguitars.com/archives/004709.html
Brian Holland
: Quand j’ai entendu « Dock of the
Bay » pour la première fois, il y a longtemps, la voix de Otis Redding
couvrait tout le reste. Mais au bout d’un moment, on entend tout
autant ces petites phrases de guitare qui remplissent les trous. Tes
remplissages se remarquent dans toutes ces chansons.
Steve
Cropper :
Tu n’y arrives pas à chaque fois, mais tu essayes. J’essaye de tisser
quelque chose entre deux parties vocales. Je prends là où la voix
s’arrête et j’essaye de faire quelque chose de plus lyrique que
mélodique, qui suit plus ou moins la mélodie et donne une ambiance à
la chanson. C’est ce que j’ai toujours essayé de faire. L’un des trucs
les plus durs que j’ai eu à faire fut quand ils ont vraiment commencé
le travail en multi-pistes et en re-recording. Ils convoquaient les
musiciens, trouvaient l’accord avec le chanteur par téléphone, et
n’enregistraient que les instruments. C’est dur pour moi. Je préfère
entendre le chanteur, pour pouvoir rebondir et sentir ce qu’il fait ou
ce qu’elle fait. C’est à cela que je suis bon. C’est très difficile
pour moi d’enregistrer la bande son sans le chanteur. Ca devient une
chanson instrumentale pour moi.
Je
crois que ce qu’on a fait avec Stax a survécu si longtemps parce que
c’était toujours fait en direct. La plupart des succès, tu sais, ont
été faits en une seule prise. Il n’y avait pas de re-re. Il y avait
peut-être un peu de mixage, quand on a enfin eu un 4-pistes, mais pas
vraiment de ré-enregistrement. Ou alors s’il y en avait, c’était un
tambourin, des claquements de mains. A la rigueur quelques choeurs,
comme les enfants sur « Soul Finger ». David Porter (auteur et
producteur chez Stax) avait réuni 25 ou 30 lycéens dans le studio.
Nous les avons fait crier « Soul Finger ! » (Steve Rigole). C’était
excitant. Et c’était un ré-enregistrement. Mais il n’y avait pas ces
premières prises avec une batterie pré-enregistrée où l’on
réenregistre tout par la suite.
Brian
Holland :
Avec Otis Redding, Sam and Dave, Wilson Pickett, est-ce que tu étais
préparé de la même façon mentalement, ou est-ce que l’un d’entre eux
nécessitait un changement radical de ta façon de jouer ?
Steve
Cropper :
Je dirais que ce que je faisais avec Otis avait un ton différent et un
style que je ne jouais avec personne d’autre, à ce que je sache. Je
n’ai jamais rejoué comme ça depuis, jusqu’à ce que je travaille avec
Tom Dowd, sur l’album de Rod Stewart « Atlantic Crossing ». J’ai
ressorti mon ancien ampli et l’une de mes anciennes Telecaster, et
nous avons utilisé ce vieux son, et ça a pas mal marché. Mais sinon,
oui, quand Otis est parti, j’ai mis ce son à la retraite.
J’étais accordé en open tuning ; la plupart des chansons d’Otis
étaient en accord de Mi ouvert. J’ai fait quelques chansons accordées
en Ré. Mais la plupart étaient en Mi. Ce n’était pas très musicalement
correct parce qu’il n’y avait pas d’accords mineurs dans la musique
d’Otis, principalement à cause de ces accords ouverts, même si j’avais
appris à faire des accords mineurs avec. J’entendais un ton différent,
et je crois que je jouais donc avec un style différent, des plans
différents.
(...)
Otis
était l’un des meilleurs types que tu
puisses jamais rencontrer dans ta vie. Il était le grand frère de tout
le monde. Il était mon frère et il avait cette sagesse qu’on gagne
dans la rue. Je n’ai jamais pensé qu’on avait le même âge. Je n’y
avais même jamais pensé et je ne lui avais jamais demandé son âge.
Mais nous avions tous les deux 26 ans quand il est mort.
(...)
C’est
juste une sensation qui vient de l’intérieur, qui vient de l’âme, mais
je savais que « Green Onions » serait un succès. Il y en a eu d’autres
où j’ai cru que ce serait un succès et ce n’en fut pas. Mais je savais
à coup sûr que « Dock of the Bay » serait un succès. Otis et moi nous
sommes regardés et nous nous sommes dit « Mec, on l’a enfin ».
Nous cherchions quelque chose qui ferait le « cross over », c’est à
dire des stations de radio de R&B vers les stations de radio pop. Si
les stations pop commençaient à le passer, nous vendrions plus de
disques, et c’est ce que nous recherchions pour faire avancer sa
carrière. Il était vraiment important en Europe. Il était assez
important ici, mais il n’avait pas encore atteint le sommet. Nous
savions que c’était LA chanson, mais c’est dommage qu’il n’était plus
là pour le voir.
Traduction : Dror, Mars 2009


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